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  • Publié le 17 février 2023
  • Mise à jour: 18 février 2023

Forum pour l’islam de France : trop tôt pour en juger

Un an après la création du Forum pour l’islam de France (FORIF), jeudi 16 février 2023, le président Emmanuel Macron a accueilli ses membres à l’Élysée pour recevoir les conclusions de leurs travaux.
Lancée le 5 février 2022 dans les locaux du Conseil économique, social et environnemental (CESE) par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, cette nouvelle structure de dialogue destiné à structurer « l’islam en France » et non à le gouverner, a mené en toute discrétion, une réflexion et des travaux sur quatre points : la lutte contre les actes antimusulmans et la sécurité des lieux de culte, la professionnalisation et le recrutement des imams, l’organisation et le fonctionnement des aumôneries, l’application de la loi confortant le respect des principes de la République, notamment en matière de droit, de gestion et de financement des associations du culte musulman.

Supervisés par l’administration (la soixantaine de membres a été désignée pour un an dans les départements par les préfets), les 4 commission ont beaucoup travaillé. Elles ont vérifié sur le terrain les statistiques du ministère de l’intérieur sur les actes anti-musulmans (213 actes anti-musulman en 2022 dont la moitié commis contre les lieux de culte, soit + 38 % par rapport à 2019) ; livré pour la première fois des diagnostics chiffrés sur l’accessibilité bancaire des associations musulmanes (en coopération avec la direction du Trésor et la Fédération bancaire française, le FORIF a pu établir un portrait des associations musulmanes et pour 22 % d’entre elles des difficultés à ouvrir et à conserver un compte bancaire) ; ébauché la structure associative d’un Conseil national de l’aumônerie musulmane et envisagé dans une réflexion sur la fonction des imams en France, un statut professionnel propre à leur fonction et soutenu par une formation adéquate. Les publications du Guide pour les associations musulmanes et du Guide de lutte contre les actes anti-musulmans ont été les premiers fruits de ces travaux. Un guide sur les relations bancaires est en préparation et les cahiers des charges sur les formations des imams et des aumôniers sont en cours d’élaboration. C’est bien plus que ce que le CFCM a pu faire en 20 ans. Il faut le reconnaître.

D’ailleurs dans son discours retransmis sur le compte twitter de l’Elysée, et dans lequel il confirme que le CFCM n’est plus l’interlocuteur de l’État, le président de la République a exprimé sa satisfaction à l’assistance sur la qualité et l’ampleur du travail mené par les quatre groupes du FORIF. Le Chef de l’État a surtout demandé que ces propositions soient mises en pratique cette année.
Soulignant que « le chantier était énorme et que nous n’en étions qu’au début », Emmanuel Macron a conclu son discours en évoquant un chemin encore long et difficile pour l’aboutissement des objectifs du FORIF. « L’entreprise que nous conduisions toutes et tous (…), beaucoup pensent que cela ne marchera pas » a -t-il déclaré avant d’en évoquer les causes « On ne change pas les esprits, ni la géopolitique, ni l’intimité de nos villages et de nos villes en quelques mois ». Mais ajoute-t-il « je pense que si nous sommes clairs sur le cap, déterminés, si nous sommes fidèles à notre histoire, nous y arriverons. Par ce que ajoute-t-il « c’est une affaire de volonté, de respect, (...), de connaissance et de reconnaissance, c’est l’histoire même de la France et de la République, Nation et République, au sein de laquelle toutes celles qui croient en l’islam, comme toutes celles qui croient en une autre religion ou ne croient pas doivent vivre en paix et s’engageant derrière elle ».

La politique d’Emmanuel Macron à l’égard de l’islam a deux priorités : la lutte contre le séparatisme et l’islam radical et l’émergence de ce qu’il appelle un « islam des Lumières ». La première, autant que faire se peut, est en bonne voie d’être atteinte. La réalisation et le concept de la seconde sont plus discutables : le « sapere aude » (ose savoir) porté par l’Institut français d’islamologie réunissant 8 universités françaises et créé l’année dernière en même temps que le FORIF, ne suffit pas à l’éclairer et n’y suffira pas. Sa fonction n’est pas celle de cultiver un « usage public de la raison », d’apprendre à penser par soi-même et d’avoir une pensée libre et universelle, mais principalement à former des élites à enseigner « un usage privé de la raison », d’une liberté restreinte au cadre d’une institution, l’islam et pour y remplir son rôle d’imam et de guide.
Heureusement dans son discours, le président a déclaré que la République n’est pas au-dessus des religions, qu’elle est d’un autre ordre. On doit et l’on voudra bien y comprendre que les Lumières sont bien là, dans la République qui ne reconnait aucune religion mais les connait toutes.
C’est à ces conditions que « l’islam du FORIF » a toute les chances de prospérer.

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