Le pape émérite Benoît XVI sera inhumé jeudi

Le Vatican révèle pour la première fois ce dimanche, par tweet, les images de la dépouille du pape émérite décédé samedi à 95 ans. On y voit l’ancien souverain pontife qui repose sur un tissu de couleur rouge, habillé des vêtements pontificaux et coiffé d’une mitre, dans la chapelle du monastère Mater Ecclesiae Un chapelet a été glissé entre ses mains. Au-dessus de lui, un Christ en croix veille sur son corps, une crèche et un arbre de Noël sont également à proximité.
Ses funérailles seront présidées par le pape François. Elles sont prévues jeudi, place Saint-Pierre au Vatican. Le pape émérite doit ensuite être inhumé dans la basilique Saint-Pierre. Le pape François a salué ce dimanche la mémoire de son prédécesseur le « bien-aimé » Benoît XVI. « Nous nous unissons tous (...) pour rendre grâce à Dieu pour le don de ce fidèle serviteur de l’Évangile et de l’Église », a-t-il appelé lors de la prière hebdomadaire de l’Angélus.

Théologien reconnu

Joseph Ratzinger a été un grand théologien catholique. Sa participation au Concile l’avait mis face aux grands défis de l’Église dans le monde de la fin du XXème siècle. « Il en a été un grand interprète, lucide et courageux, exigeant quant à la vérité, fidèle à la Tradition mais libre de toute nostalgie » souligne dans un communiqué, la Conférence des Évêque de France.
Archevêque de Munich, puis préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Ratzinger, théologien catholique allemand a été un proche collaborateur du pape Jean-Paul II qu’il admirait. Sa vive acuité théologique avait été utile pour expliquer les fondements de l’action du Pape. Élu pape le 19 avril 2005 sous le nom de Benoît XVI, le cardinal a tenté de servir l’unité de l’Église tant dans les relations œcuméniques que dans son approche des groupes dits traditionalistes dans l’Église catholique. S’il a voulu poursuivre l’œuvre de ses prédécesseurs en œuvrant pour la rencontre des religions et la paix dans le monde, les années Benoît XVI portent cependant l’empreinte de sa personnalité et de sa vision du monde, volontiers sombres. Une période « crépusculaire » aux dires de certains vaticanistes, que le dynamisme et la jovialité de François ont encore soulignée. Intimement marqué par l’histoire tourmentée de l’Europe du XXe siècle, profondément troublé par le « relativisme » qui imprègne, selon lui, les sociétés modernes, le pape allemand a gouverné l’Église catholique dans un chaud et froid d’effacement et de renoncement, d’autoritarisme et laisser-faire, entre maladresses et rigueur intellectuelle. Son règne a déstabilisé le monde catholique, abîmé l’image de l’Eglise catholique à l’extérieur. Il a laissé nombre de chantiers en panne, en a ouvert d’autres, notamment celui des agressions sexuelles commises par des prêtres ou des religieux, mais qui sont demeurés inachevés.

Dernier pape à venir en France

Les catholiques français ont accueilli Benoît XVI en France en 2008. Cette année là le pape sest déplacé à Paris et à Lourdes pour y célébrer le 150ème anniversaire des apparitions. Au cours de la messe sur l’esplanade des Invalides, juste quelques semaines avant qu’éclate la crise financière de 2008, il avait appelé à « fuir les idoles » et que « l’amour de l’argent est la racine de tous les maux ». Dans son discours au monde de la culture, tenu au collège des Bernardins, il avait démontré, à l’école de l’expérience monastique, que « la recherche de Dieu et la disponibilité à l’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable », comme une quête de la vérité dont ne peut se dispenser sans grave dommage l’humanité contemporaine.
Benoît XVI restera aussi dans l’histoire par sa démission qui prit tout le monde par surprise. Se sentant épuisé et près de mourir, il avait préféré se retirer. Finalement, il n’en sera rien et Benoit XVI, devenu pape émérite accompagnera de longues années son successeur, qui le consultera régulièrement. Durant cette cohabitation entre deux papes, non exempte de tensions ponctuelles, le Vatican a mis régulièrement en avant les bonnes relations qu’entretenaient les deux hommes, contraints d’inventer un modèle sans précédent. Lors d’une journée d’hommage aux personnes âgées célébrée par le pape François, ce dernier y associe son prédécesseur et se réjouit alors d’avoir avec Benoît XVI « comme un sage grand-père à la maison ». Ces marques réitérées de respect et d’apparente complicité ne parviennent cependant pas à occulter la véritable rupture que le passage inattendu d’un pontificat à l’autre a produite sur l’Eglise catholique et sur sa perception à travers le monde.