«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

Législatives au Liban : série de défaites pour les alliés du Hezbollah

Le ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, a annoncé aujourd’hui peu après 17h, lors d’une conférence de presse, des résultats officiels concernant les candidats élus à l’issue des élections législatives qui se sont tenues dimanche. Il a tout d’abord souligné que le taux de participation n’était pas mauvais, bien que "légèrement en dessous de ceux enregistrés lors des précédents scrutins". Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, le taux de participation global était estimé à 41%, dimanche à 23h.Il était de 48 % en 2018. On ne sait pas si ce chiffre la participation comprend le vote des expatriés où le taux de participation est d’environ 60 %. Si cela était le cas cela pourrait faire hausser le taux actuel de plusieurs points.

Pas de grande surprise

En apparence, rien n’a bougé. Malgré la crise économique, la double explosion au port de Beyrouth, le soulèvement d’octobre 2019, le prochain Parlement sera largement constitué par les partis et figures traditionnels. Quand on y regarde de plus près, toutefois, plusieurs dynamiques non négligeables se démarquent, si bien que l’Assemblée sera en réalité assez différente de celle qui prévalait. Ce lundi, les résultats sont encore partiels et même très flous dans plusieurs circonscriptions. Cela dit, on peut d’ores et déjà mettre en exergue quelques grandes évolutions.

Les Forces libanaises en progression

L’un des enseignements de ce scrutin c’est que les Forces libanaises apparaissent comme les grands vainqueurs du scrutin. Le parti de Samir Geagea obtiendrait au moins 20 sièges et deviendrait ainsi la première force chrétienne devant le Courant patriotique libre à quelques mois de la fin du mandat de Michel Aoun. Les FL ont, d’après les résultats partiels, amélioré leur score à Beyrouth I (trois députés contre un en 2018), à Baabda (deux députés contre un en 2018), au Metn (deux députés contre un en 2018). Plus surprenant encore, elles seraient parvenues à faire leur entrée à Tripoli en obtenant le siège maronite. Les résultats à Jezzine, où les FL revendiquent également au moins un siège, et dans le Akkar, ne sont toutefois pas encore clairs. Le parti chrétien a également réussi à maintenir son député Antoine Habchi à Baalbeck-Hermel dans un contexte difficile marqué par des pressions importantes de la part du Hezbollah. Parmi les noms des candidats officiellement élus à travers le territoire, on note l’élection de Simon Abi Ramia : maronite, CPL, Nous étions et nous resterons, soutenue par le CPL et le Hezbollah. Il était venu à Paris le 11 avril dernier avec son collègue Nicolas Sehnaoui faire campagne devant les membres du Rassemblement pour le Liban (RPL).
Ce résultat partiel donne le sentiment que le prochain Parlement sera essentiellement composé de deux blocs, l’un mené par le Hezbollah et ses alliés, l’autre par les Forces libanaises et leurs alliés, ce qui laisse présager d’un retour à une forte polarisation comparable à ce que le Liban a connu en 2009. D’autant plus que les Kataëb, dont la rhétorique est aussi très marquée contre la formation pro-iranienne, semblent également progresser en obtenant un siège au Kesrouan en plus des trois qu’ils avaient déjà.

Le Hezbollah et ses alliés perdants ?

Pas encore confirmée, la défaite du Hezbollah et ses alliés semble pourtant annoncée. Ils devraient ainsi perdre leur majorité au Parlement car ils ont enregistré des pertes significatives, selon les résultats partiels, en particulier sur la scène chrétienne. Même s’ils semblent avoir compensé une partie de ces pertes par des conquêtes de l’électorat sunnite, profitant du retrait de l’ex-Premier ministre Saad Hariri, cela ne devrait toutefois pas être suffisant pour leur permettre d’obtenir une majorité d’au moins 65 députés dans le futur parlement parlement. En 2018, ils avaient obtenu la majorité avec 71 députés sur 128.
D’après les premiers résultats communiqués, ce sont les candidats considérés comme proches du régime de Bachar el-Assad qui ont obtenu de très mauvais scores : Talal Arslane à Aley, Wiham Wahhab dans le Chouf, de Assaad Hardane au Liban Sud III et plus surprenant encore, d’Elie Ferzli, le vice-président du Parlement, dans la Bekaa-ouest ont été battus. À ces quatre défaites pourrait s’ajouter celle de Fayçal Karamé à Tripoli. L’ancien chef de la sûreté générale, Jamil Sayyed se qualifierait pour sa part avec un score en net recul par rapport à 2018

Percée importante des forces de la contestation

Le dépouillement n’est pas terminé au Metn et à Baabda mais les candidats de la contestation Jad Ghosn et Michel Hélou (ancien directeur exécutif de L’Orient-Le Jour) semblent y avoir réalisé de très bons scores. Pour le moment, cela n’est toutefois pas suffisant pour obtenir un seuil électoral. Les deux victoires les plus symboliques, selon les premiers résultats, sont celles du candidat de l’opposition Elias Jaradé au Sud III, dans une région acquise au tandem Hezbollah-Amal, et celle de Marc Daou contre le leader druze Talal Arslane à Aley. Les forces de la contestation devraient obtenir trois sièges dans la circonscription de Chouf-Aley, deux à trois sièges à Beyrouth II, un au Liban-Nord III et un au Liban-Sud III. La surprise vient du fait qu’elles auraient également obtenu un siège à Tripoli. Toute la question est désormais de savoir si ces forces vont s’unir au sein d’un même bloc, qui pourrait avoir une certaine influence. Elles pourraient également choisir de s’allier, au moins de façon circonstancielle, avec les figures indépendantes ayant été réélues et les Kataëb, ce qui leur permettrait d’avoir un bloc important entre 15 et 20 députés.

Les sunnites morcelés

Le retrait de l’ex-Premier ministre Saad Hariri de la compétition aura été fatal à l’unité du bloc sunnite. Les résultats partiels indiquent que l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a manqué son pari, mais aussi que l’actuel chef du gouvernement Nagib Mikati enregistre de très mauvais scores à Tripoli. Plusieurs figures de premier plan ne semblent pas avoir survécu politiquement au scrutin parmi lesquelles Moustapha Allouche, Sami Fatfat et Fayçal Karamé à Tripoli. Le vide créé par l’absence du parti bleu semble avoir principalement profité à des figures anti-Hezbollah, notamment Achraf Rifi à Tripoli et Oussama Saad à Saïda ainsi qu’aux forces de la contestation. Le leader du Courant du Futur jouait le rôle d’amortisseur au sein de l’ancien Parlement dans la confrontation qui oppose le Hezbollah à ses adversaires. En son absence, elle devrait donc être beaucoup plus forte mais le leadership sunnite risque d’y jouer un rôle assez secondaire par rapport aux FL.

Des contestations pour un statu quo

"Ce qui se passe aujourd’hui est inacceptable", a affirmé à la LBCI le candidat chiite d’opposition Ali Mrad, de la liste "Ensemble pour le changement" au Liban-Sud III, alors que des infractions ont été rapportées dans cette circonscription où le Hezbollah est très puissant.
"La bataille que nous menons dans le Sud est claire, et nous ne laisserons tomber aucune voix. Le ministère de l’Intérieur, les juges et l’État doivent assumer leurs responsabilités, et il est interdit de supprimer les bureaux de vote du Qatar et de la France", a poursuivi M. Mrad, qui avait annoncé ce matin la victoire de son colistier Elias Jaradé à Hasbaya-Marjeyoun. Selon l’Agence nationale d’information (Ani, officielle), des votes enregistrés en France et au Qatar ont été annulés.
Au final, à la date d’aujourd’hui, au regard des résultats, aucune majorité nette ne devrait se dégager au Parlement libanais qui risque à l’image de la société, d’être plus éclaté que jamais. Cela dit, les forces hostiles au Hezbollah, même si elles ne sont pas alliées, ont de grandes chances d’être les plus nombreuses. Le premier test sera l’élection du chef du Parlement, briguée par l’inamovible Nabih Berry depuis la fin de la guerre civile. Le chef du parti Amal n’est pas en bonne posture puisqu’il ne devrait pas bénéficier des voix de la contestation, ni de celles des FL et ni même de celles du CPL.

Source : l’Orient le Jour

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