«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 29 octobre 2021

Présidentielles : les voix de Dieu sont impénétrables 

Dans ce détournement éditorial (électoral) de l’expression « Les voies de Dieu sont impénétrables », qui dans le monde religieux laisse penser que Dieu dirige notre destin, et dans le monde profane nous convie à admettre qu’on ne peut comprendre les coups du sort, c’est bien le sens religieux qui persiste. Il n’y a qu’à voir comment les religions sont entrées cette semaine en politique ou plutôt comment les politiques battent avec elles une campagne présidentielle qui ne dit pas encore son nom.
Nous connaissons tous le fameux dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), auquel le président de la République est toujours convié. Et bien cette semaine, grâce à cette campagne présidentielle, nous avons découvert le premier dîner du protestantisme français, qui s’est lui aussi déroulé en compagnie du président de la République.
Emmanuel Macron, dont la candidature à sa propre succession ne fait plus de doute a donc pris part à cet événement qui a rassemblé trois cents entrepreneurs protestants du tout nouveau Cercle Charles Gide1 autour des thèmes de l’entreprise et de la solidarité. Ainsi, contrairement au dîner du Crif qui réunit un grand nombre de personnalités de la société française autour du judaïsme, la Fédération Protestante de France, abandonnant les thématiques religieuses ou philosophiques, a choisi une autre approche : celle d’honorer un visage important du protestantisme ainsi que celui de l’entreprise, a expliqué au journal La Croix, François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France qui a piloté cette première édition du mardi 26 octobre.
À l’issue de son allocution, le président de la République qui était l’invité d’honneur de ce dîner s’est longuement prêté au jeu des questions réponses de l’assemblée, parfaite illustration de l’ expression québecoise que nous avons choisie comme citation pour cette période électorale : « On ne fait pas d’élection avec des prières ».

Changement de décor et de religion avec l’émission « Face à la rue » diffusée en direct sur Cnews avec Jean-Marc Morandini, lundi 25 octobre. Cette fois c’est un autre probable candidat, Eric Zemmour, qui au cours d’une déambulation dans les rues et les commerces de Drancy, sa commune d’enfance, discute avec une femme voilée qui décide lors de ce « débat » mené en pleine rue avec le polémiste de retirer son foulard pour prouver qu’elle était libre de son choix de le porter.
Sans s’attacher à la polémique qui a suivi sur les réseaux sociaux, relayant une rumeur comme quoi cette femme, Rachida, avait été castée pour l’émission et qu’elle était en fait une comédienne qui ne portait pas le voile avant, qui ne serait pas musulmane et qui travaillait pour Bolloré, le propriétaire de la chaîne Cnews, et encore moins au discours d’Eric Zemmour, c’est sur le geste de cette femme qu’il convient de s’arrêter. Car peu importe les conditions qui l’entourent, le courage, face caméra de cette femme menacée de mort sur les réseaux sociaux depuis la diffusion de cette séquence.
Au delà de ce qu’elle a pu déclarer à la télévision (C8), le soir même sur sa religion : « Je suis une femme libre, musulmane, fière de l’être, mais libre » et sur (et à ) Eric Zemmour « ses idées ne correspondent pas à la France, ses idées ne correspondent pas au pays, à la communauté que ça soit des juifs, des musulmans, des chrétiens, peu importe. Le vivre ensemble c’est ce que l’on recherche tous », c’est sa pudeur et sa condition de femme française et de confession musulmane qu’elle a exposée et défendue. Et cela n’a même pas effleuré Eric Zemmour. Un propos attribué au Prophète rappelle que « la pudeur et la foi sont inséparables ». La notion de pudeur dans l’Islam (hayâ’) peut revêtir des conceptions et des perceptions bien différentes au sein même du monde musulman mais elle est toujours rattachée à la notion de honte et relève donc d’une importance primordiale dans l’Islam. Elle revêt aussi différentes nuances au niveau signification (sentiment de modestie, pudeur, humilité…). Hayâ’ qui vient du mot arabe Hayat qui signifie « Vie » se réfère aussi à un sentiment de malaise, d’embarras.
On peut ainsi en général voir la pudeur comme un caractère moral qui élève l’homme au statut de témoin. Ici, l’idée de témoignage est importante car ce témoignage concerne à la fois l’homme dans sa relation à la société mais aussi l’homme dans sa relation avec Dieu et les autres êtres vivants, l’Univers, c’est à dire à une pensée métaphysique prévalant sur le physique et engageant la pudeur comme processus de purification.
Mais alors comment être pudique, être une femme pudique dans ce monde moderne, dans notre société du spectacle, du fantasme, du voyeurisme et de la violence propulsées dans des médias ? Et bien par un geste ample et courageux, libre et personnel, cette femme, Rachida, en a donné l’un des meilleures et des plus beaux témoignages. Mais pour être très marquant, son dévoilement n’a pas de portée électoraliste et encore moins religieuse ou théologique. « On ne fait pas d’élection avec des prières ».

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