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  • Publié le 24 janvier 2023

Rapport 2023 du HCE : 5 ans après « metoo » la réalité du sexisme en France est alarmante

À l’occasion de son 10ème anniversaire et de la journée nationale de lutte contre le sexisme, le Haut Conseil à l’Egalité a publié le 23 janvier un 5ème rapport annuel alarmant sur l’état du sexisme en France. Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du HCE, remettra ce rapport et ses 10 recommandations au Président de la République, Emmanuel Macron, mercredi 25 janvier. Dans le même temps, une grande campagne de sensibilisation de lutte contre le sexisme se déroule du 23 au 27 janvier 2023.

Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, il perdure et ses manifestations les plus violentes s’aggravent. Tel est le constat alarmant du rapport annuel 2023 du HCE sur l’état du sexisme en France, qui s’appuie à la fois sur les derniers chiffres officiels et sur les résultats du baromètre réalisé par l’institut Viavoice auprès de 2500 personnes représentatives. Ce sondage rend compte des perceptions de la société face aux inégalités entre les femmes et les hommes, évalue le degré de sexisme de la population, restitue le vécu des femmes et mesure l’adhésion aux outils de lutte existants.

Un constat préoccupant sur l’état du sexisme en France

Principal enseignement du baromètre Viavoice : en dépit d’une sensibilité toujours plus grande aux inégalités depuis « metoo » (93 % des personnes sondées estiment que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière dans au moins une des sphères de la société), les clichés et les stéréotypes sexistes perdurent. Comme dans la première édition du baromètre, ce sont les femmes qui sont toujours aussi nombreuses à déclarer avoir déjà personnellement vécu des situations sexistes : 80 % d’entre elles ont déjà eu l’impression d’avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe, un score qui ne s’élève qu’à 37 % pour les hommes.
Si l’on entre dans le détail du baromètre Viavoice et que l’on fait le total des réponses (Non, plutôt pas ; Non, pas du tout) à la question « Diriez-vous que les femmes et les hommes sont traité·e·s de la même manière… », c’est respectivement dans le monde du travail (76 %), dans la rue et les transports (69 %), dans le monde du sport et en politique (68 %), dans les pratiques religieuses (61 %), dans la vie de famille et la vie du foyer (60 %) que ce sentiment est le plus fort.
De manière attendue, ce sont les femmes qui vivent le plus ces situations sexistes : la rue et les transports (pour 57 % d’entre elles), le foyer (49 %) ou encore le monde du travail (46 %). L’étude souligne aussi que 41 % des femmes âgées de 15 à 24 ans déclarent avoir vécu du sexisme à l’école ou dans leurs études. D’ailleurs sur ce dernier sujet de l’éducation, le sondage relève que « seul·e·s 53 % des Français·e·s considèrent que les femmes et les hommes sont traité·e·s de la même manière dans le cadre éducatif ( études, examens, stages, formations) », un score en baisse de 9 points par rapport à la précédente édition.
Le baromètre montre également que des situations de discrimination, violence et harcèlement sont vécues dans des proportions de plus en plus alarmantes. Ainsi, 23% des femmes déclarent avoir subi un écart de salaire avec un collègue homme à poste égal ou compétences égales et 13 % une discrimination à l’emploi. Des taux qui s’élèvent à 34 et 21 % pour les femmes cadres. De même, à la maison, 15 % des femmes déclarent avoir subi des coups (bousculade de la part de leur conjoint). Questionnées pour la première fois cette année, les situations de non consentement [1] ont été vécues par 37 % des Françaises sondées, 14 % ayant subi un « acte sexuel imposé » dont 22 % de femmes entre 18 et 24 ans.
Toutes ces situations vécues conduisent 9 femmes sur 10 à craindre par avance des actes et propos sexistes. Cela les pousse notamment à mettre en place des stratégies d’évitement ou de renoncement, telles que de renoncer à sortir et faire des activités seules. C’est ainsi, précise l’étude, que 55 % des sondées renoncent à s’habiller comme elles le souhaitent, 52 % font attention à ne pas parler trop fort ou à ne pas hausser le ton (41 %), mais aussi 40 % d’entre elles censurent leurs propos par crainte de la réaction des hommes. D’ailleurs, indique l’étude, 15 % des femmes (22 % des 25-34 ans) ont déjà redouté voire renoncé à s’orienter dans les filières des métiers scientifiques ou toute autre filière de métiers majoritairement occupés par les hommes, surtout par crainte de ne pas y trouver leur place ou de s’y sentir mal à l’aise.

Des situations sexistes encore trop souvent acceptées

Malgré l’existence du phénomène, l’opinion des sondé(e)s apparaît comme paradoxale : si comme indiqué ci-dessus, la majorité d’entre-eux (93 % [2]) reconnaît et déplore l’existence du sexisme, elle ne le rejette pourtant pas en pratique, et majoritairement chez les hommes. Des hommes enfermés dans un clivage générationnel qui influe sur leurs perceptions vis-à-vis des inégalités et des clichés et où les plus âgés font davantage preuve de conservatisme que les plus jeunes générations. A titre d’exemple, l’étude souligne que les hommes de 65 ans et plus, sont 78 % à considérer qu’un homme doit prendre soin financièrement de sa famille (contre 67 % en moyenne) ; 49 % d’entre eux considèrent qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants (contre 40 % en moyenne) - 42 % considèrent d’ailleurs que les femmes concurrencent les hommes sur le marché du travail ; 47 % estiment qu’il est normal que les femmes prennent plus soin de leur physique que les hommes (contre 35 % en moyenne).
Mais dans le même temps, l’étude observe chez les moins de 35 ans davantage d’immaturité et une pénétration plus importante des clichés « masculinistes » qu’ils semblent percevoir comme une valorisation de leur genre. Ce sont par exemple, 20 % des 25-34 ans qui considèrent que pour être respecté en tant qu’homme dans la société, il faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis (contre 8 % en moyenne) et 21 % qu’il faut rouler vite (9 % en moyenne) et parfois être violent pour se faire respecter (23 % contre 11% en moyenne). « La persistance du sexisme dit ’’ordinaire’’ est d’autant plus préoccupante qu’elle peut conduire aux manifestations les plus violentes » soulignent les rapporteurs du HCE pour lesquels les données du baromètre montrent que quel que soit leur âge, les hommes s’avèrent dans l’incapacité à porter la responsabilité collective du sexisme en refusant toute généralisation. En effet, 7 hommes sur 10 y considèrent que l’on « généralise » en considérant que les hommes sont tous sexistes. Ils sont aussi 40 % à penser que la lutte anti sexisme va trop loin et que l’on s’acharne sur les hommes et 60 % à considérer que les porte paroles féministes en font trop.

La faute des services publics ?

À la question « Avez-vous le sentiment d’être très informé·e, plutôt informé·e, plutôt pas informé·e ou pas du tout informé·e sur les lois et sanctions existantes pour lutter contre le sexisme ? », 49 % des sondé(e)s [3] estiment être informés (8 % de plus qu’en février 2022) contre 45 % qui déclarent le contraire. Mais ensemble, et à une écrasante majorité, ils considèrent que l’action des pouvoirs publics est insuffisante. Car si 48 % estiment que les lois et sanctions existantes sont suffisantes pour lutter contre les actes et propos sexistes, il sont tout autant à considérer qu’elles ne sont pas bien appliquées par les institutions publiques. Dans ce classement, ce sont la police et la gendarmerie qui s’en tirent le mieux avec 48 % de confiance face à la justice (37 %), l’Éducation nationale (35%) et le gouvernement (30 %).
« la prévention et la lutte contre le sexisme doivent être des sujets prioritaires pour les pouvoirs publics (gouvernement, élu·e·s, police, justice, école…) » estiment 82 % des sondé(e)s.
Pour répondre à cette préoccupation des Françaises et des Français, le HCE propose au gouvernement un plan d’urgence global contre toutes les manifestations du sexisme et ses causes. Pour l’institution, l’effort doit non seulement porter sur la protection et la répression mais aussi sur la prévention en agissant sur les mentalités dès le plus jeune âge. Parmi ses mesures clés, ses 10 recommandations, le HCE préconise la régulation des contenus du secteur numérique pour lutter contre les stéréotypes, les représentations dégradantes et les scènes de violences désormais banalisées sur internet, en particulier dans les vidéos pornographiques ; la création d’une Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique ; le conditionnement des aides publiques à la presse écrite à des engagements en matière d’égalité et l’institution d’une journée nationale de lutte contre le sexisme, le 25 janvier. Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du HCE, remettra d’ailleurs ce rapport au Président de la République, Emmanuel Macron, ce mercredi 25 janvier.

[1Un rapport sexuel sous la contrainte obtenu par l’insistance d’un partenaire ou encore sous l’emprise d’alcool ou de drogue par exemple.

[2En ce qui concerne la part des femmes, elle sont 80% à estimer être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe, indique l’étude.

[355 % des hommes et 44 % des femmes signale le sondage.

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