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  • Publié le 19 juin 2020

Son moulin, son curé, sa statue de la Vierge enceinte : découvrez les trésors de Cucugnan

Entre les châteaux cathares de Quéribus et de Peyrepertuse, le nom charmant d’un petit village de l’Aude nous replonge dans les contes de notre enfance : Cucugnan. Car si le village de Cucugnan est très célèbre grâce à son curé, il est aussi très connu pour sa statue représentant la Vierge Marie enceinte que l’on peut admirer dans l’aile droite du transept de l’église Saint-Julien-Sainte-Basilisse ainsi que découvrir l’exposition « Les Vierges enceintes en France ».

Cucugnan : ce nom a une consonance amusante et c’est probablement cela qui vaut à ce charmant petit village d’être passé dans l’histoire bien qu’il ne s’y soit probablement jamais rien passé de plus pittoresque et marquant que le récit d’Alphonse Daudet et ses Lettres de mon moulin .

C’est en effet par son moulin, le moulin d’Omer construit en 1692, situé au sommet de la colline, que commence toute visite du village. La première halte est pour la boulangerie du moulin qui propose farines et délicieux biscuits croquants aux saveurs méditerranéennes.

Puis un peu en contre-bas, toujours dans les ruelles hautes du village d’où l’on peut admirer une vue magnifique du château de Queribus, voici l’église de Cucugnan avec son clocher évidé et sa statue de la Vierge-Marie enceinte.

Vierges enceintes, Marie dans la statuaire

L’église de Cucugnan, dédiée à Saint-Julien-Sainte-Basilisse, abrite une statue de la Vierge datant du XVIIe – XVIIIe siècle et qui a la particularité d’être représentée enceinte.

Pendant longtemps le village a cru posséder une des rares interprétations, mais il en existe des dizaine d’autres en France et à l’étranger (Italie, Portugal, … et même en Algérie).
Dans la religion catholique, le culte de Marie, la mère de Jésus a pris naissance très tôt, dès la création des premières communautés chrétiennes d’Orient. En France la cathédrale de Chartres qui est le plus ancien sanctuaire dédié à la Vierge, ne possède pas de telle statue. Elle fut pourtant édifiée sur un temple celte (gaulois) dans lequel était vénéré « la Vierge qui devait enfanter », un concept mythologique de la vierge mère manifestant la fécondité comme une œuvre divine.
Mais cette représentation de Marie en état de grossesse n’existe pas encore dans l’iconographie chrétienne (catholique et orthoxe). Elle apparaît au XIIIe siècle et jusqu’au concile de Trente, convoqué par le pape Paul III le 22 mai 1542, il n’ y aura aucun interdit sur la représentation de la Vierge sinon ce qui serait « faux » doctrinalement, « indécent » ou « inhabituel ». Mais à partir de 1563, à l’issue du concile de Trente, des décrets en restreignent les expressions. La représentation de la Vierge enceinte ne pose, en soi, aucun problème de doctrine ou de nouveauté ; mais il est des critères de décence conduisent désormais à éviter ce thème.
Dans l’église de Cucugnan. une exposition « Les Vierges enceintes en France » présente les Vierges répertoriées en France en mêlant textes et photographies. L’entrée est libre.

Le curé de Cucugnan : fable légendaire et moralisatrice ou histoire vraie ?

On trouve des fables religieuses moralisantes dans beaucoup de régions et de pays comme en Italie. Le thème en est toujours le même : le curé trouvant que ses ouailles ne sont pas suffisamment assidues dans leur pratique religieuse, les sermonne. Il leur dit avoir fait le mauvais rêve qu’à son arrivée près de Saint Pierre, il n’en a trouvé aucun au paradis, aucun au purgatoire mais tous en enfer. Il espère ainsi les voir se ressaisir et retrouver le chemin salvateur de l’église.

L’Église de Cucugnan, au fond à gauche la chaire du curé d’Alphonse Daudet et à droite, à l’entrée du transept, la niche de la statue de la Vierge enceinte.

Dans ses Lettres de mon moulin, Alphonse Daudet n’aurait-il fait que de reprendre une histoire plus ancienne ? Probablement, mais sans sa verve et son écriture chantante et vivante cette fable ne serait jamais parvenue jusqu’à nous.
On connait en effet plusieurs versions du « curé de Cucugnan », toutes issues d’un conte populaire de tradition orale des Corbières dans l’Aude. Le premier qui en fit le récit écrit fût un narbonnais, Hercule Birat qui écrit Le sermon du père Bourras vers 1855. Quelques années plus tard, le juge Blanchot de Brenas rapporte l’histoire qu’il a entendue au cours d’un voyage dans l’Aude et pour que l’on n’identifie pas les personnes, il situe l’action à Cucugnan, le nom lui paraissant pouvoir attirer le lecteur. D’autres versions ont suivi : celles de Joseph Roumanille, et surtout d’Achille Mir qui est la plus proche du conte et dont s’inspira Alphonse Daudet.
Finissons donc avec l’extrait du texte d’Alphonse Daudet qui plante le décor de cette fable, un livre à lire ou à relire pour son style ensoleillé et le ton bon-enfant de son récit :
« L’abbé Martin était curé… de Cucugnan.
Bon comme le pain, franc comme l’or, il aimait paternellement ses Cucugnanais ; pour lui, son Cucugnan aurait été le paradis sur terre, si les Cucugnanais lui avaient donné un peu plus de satisfaction. Mais, hélas ! les araignées filaient dans son confessionnal, et, le beau jour de Pâques, les hosties restaient au fond de son saint-ciboire. Le bon prêtre en avait le cœur meurtri, et toujours il demandait à Dieu la grâce de ne pas mourir avant d’avoir ramené au bercail son troupeau dispersé
 ».
Il ne vous reste plus qu’à venir découvrir par vous même ce charmant village, théâtre de l’oeuvre d"Alphonse Daudet

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