«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

Cet article est en consultation libre

  • Publié le 2 décembre 2022
  • Mise à jour: 17 mars 2023

Abus sexuels dans l’Église catholique : 450 victimes reconnues dans les congrégations en une année

Jeudi 1er décembre 2022, la Commission reconnaissance et réparation (CRR), l’association indépendante créée pour indemniser les victimes de violences sexuelles dans les congrégations religieuses de l’Église catholique, a fait le bilan d’une première année de fonctionnement. Au regard du nombre de personnes potentiellement concernées selon le rapport de la CIASE, le chiffre de 450 victimes accompagnées pose question.

Jeudi 1er décembre 2022, 104 Rue de Vaugirard à Paris, le salon Glycines fait salle comble. Victimes, congrégations religieuses et journalistes ont été conviés à la présentation du premier bilan de la CRR par Antoine Garapon, son président, et Sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref).
Un an après la remise du rapport de la CIASE (dit « rapport Sauvé ») sur les violences sexuelles dans l’Eglise Catholique, le bilan chiffré de la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR) fait état de 450 victimes de violences sexuelles dans des congrégations catholiques. des victimes qui ont été reconnues et sont accompagnées par la Commission. Durant cette période et 80 recommandations de réparation financière (ou non) ont été formulées aux institutions et parmi elles, 36 ont été suivies d’une réparation financière. Mais au regard du nombre de personnes potentiellement concernées selon le rapport de la CIASE, le chiffre parait très modeste, une goutte d’eau dans l’océan de cette "violence de masse" qu’a décrit Stéphane Audoin-Rouzeau, historien et l’un des 25 commissaires de la Commission.

Le poids des années

On peut toutefois y trouver de multiples explications. Tout d’abord les demandes. Sur les 599 saisines reçues, 103 ont été redirigées vers l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) car elles concernaient de victimes de prêtres diocésains.
Vient ensuite le profil des victimes. Une majorité des faits énoncés ont été commis entre 1960 et 1980 a souligné sœur Véronique Margron, précisant qu’un tiers se sont déroulés dans les années 1960, les plaintes diminuant ensuite entre les années 1970 (20 %) 1980 (15 %) et 1990 (7 %). Par ailleurs, parmi les 450 victimes accompagnées aujourd’hui, 85 %, étaient mineures au moment des faits énoncés. Il s’agit en majorité d’hommes (70 %). Les personnes majeures abusées en situation de vulnérabilité, en raison du contexte ou de l’emprise de l’agresseur, sont aux deux tiers des femmes.
Ainsi la population actuelle et potentielle des victimes est âgée. Elle est donc naturellement moins mobile, moins joignable et surtout, moins encline à libérer les souvenirs, à revivre le cauchemar, à libérer la parole, à extérioriser une souffrance qu’elle porte, parfois seule, depuis des dizaines et des dizaines années.

Un tiers de justice

La CRR prend en compte, et avant tout, la parole de la victime pour évaluer avec elle la gravité des faits dénoncés ainsi que les conséquences des violences subies dans sa vie. Elle s’inspire de la justice réparatrice. Elle est « tiers de justice » entre les victimes et les congrégations, une forme de justice complémentaire à la justice civile et pénale qui prend le relais quand la justice pénale ne peut intervenir suite au décès de l’auteur, ou en raison de la prescription des faits. Sa première démarche est de garantir qu’une « victime est entendue et crue ». Pour cela elle dispose d’une équipe de 25 commissaires missionnés pour écouter et accompagner les victimes avant de se tourner vers la congrégation dont dépend l’abuseur et de lui formuler une recommandation de réparation financière ou non. La responsabilité de l’institution religieuse est de l’accepter et de verser, le cas échéant, la réparation financière directement aux victimes. Pour cela, la CRR a établi un barème allant de 5 000 € à 60 000 €.. Un fonds subsidiaire a été créé dans le cas où la congrégation n’existe plus. Dans le cas d’une réparation non-financière, les commissaires l’institution partagent vis à vs des victimes la charge et la responsabilité de l’organiser et de la faire exécuter.
C’est ce qui explique la présence de nombreuses congrégations religieuses à cet évènement où étaient rassemblés des victimes, parfois leurs victimes. Des hommes et des femmes qui ont pris la parole, exposés leur vécu personnel mais toujours pour souligner que cela signifie qu’un grand nombre de victimes non identifiées ignore sans doute l’existence de cette instance indépendante.

Quatre-cent cinquante victimes accompagnées, c’est peu. Mais de la manière dont procède la CRR c’est déjà beaucoup d’espoir pour celles qui se sont manifestés. Bien conscients de cette situation et de celle des victimes, Antoine Garapon et Véronique Margon ont invité en conclusion de cette soirée tout l’auditoire et notamment les journalistes, à relayer l’existence et le travail de La CRR.

Comment saisir la CRR ?

  • Par téléphone : 09 73 88 25 71, entre 9h et 17h du lundi au vendredi
  • Via le site Internet : https://www.reconnaissancereparation.org/
  • Par courrier postal : 226 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris
  • Par mail : victimes@crr.contact
Evénement
Solidaires !

L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, il faut agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de cette invasion par la force.

Informations
Opinion
Nos micro-trottoirs

«Quels signes ostensibles ?»

Découvrir

Tout savoir sur Croyances et Villes.

Découvrir


Une publication EXEGESE SAS, 14 rue du Cloître Notre-Dame 75004 Paris. N° SPEL 0926 Z 94013