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  • Publié le 24 mai 2021
  • Mise à jour: 28 mai 2021

Questions de laïcité avec Georges Sérignac, Grand Maitre du Grand Orient de France

La discussion sur la loi « confortant le respect des principes de la République » va reprendre prochainement à l’Assemblée nationale. Elle va faire revenir à nouveau dans l’actualité la question de la neutralité de l’espace public, du voile, du Concordat, des pratiques communautaires (hallal, burkini), autrement dit de l’application de la laïcité, qui depuis le 20 avril fait aussi l’objet d’« États-généraux ». La Franc-maçonnerie est connue pour être une partie prenante de la laïcité. Aussi à la veille de ces discussions, nous avons souhaité interroger Georges Sérignac, Grand Maitre du Grand Orient de France, sur l’état et les défis actuels de la laïcité et sur le rôle de la Franc-maçonnerie dans ces débats.

Tout d’abord que pensez-vous de l’état actuel de la laïcité française ?
Je dresse deux constats presque contradictoires. D’un côté, il y a une impression générale d’une société où la laïcité est vue comme un concept vieillot, dépassé. Aujourd’hui, la culture « woke », minoritaire mais cependant très médiatisée, fait du principe de laïcité un concept presque liberticide qui empêcherait les gens d’exprimer leur identité. Il y a ainsi beaucoup de confusion autour de la laïcité, notamment parce que l’on focalise souvent sur le problème de l’islam avec de nombreux amalgames et confusions.
Après, il y a un second constat, plus positif. Lors de nos rencontres, beaucoup des éléments qui nous reviennent montrent à quel point la population française dans son ensemble, et j’insiste, dans son ensemble, a intériorisé la laïcité. Les Français ont parfaitement compris que le système républicain avec la laïcité comme clef de voûte est un système émancipateur, un système de liberté, un système qui promeut l’égalité femme-homme et donc un système profondément républicain. Ce second constat est très positif.
Si je résume, nous avons d’un côté une dénaturation de la laïcité qui l’a fait passer pour liberticide et vieillotte et de l’autre, une majorité de la population française qui l’a intériorisée d’une manière parfaitement positive et la défend quand il faut la défendre. On l’a bien vu quand des millions de Français sont descendus dans la rue après les attentats terroristes. Ce qu’ils ont défendu, c’est la liberté d’expression, la liberté des caricaturistes, la République. Quand ils défendent cette liberté là c’est évidemment la laïcité qu’ils défendent. Quand on voit aussi les mouvements très importants en faveur de l’égalité femme-homme, c’est aussi la laïcité qui est défendue face au système du patriarcat auquel s’adossent les grandes religions. La laïcité porte en effet, une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes.
Voilà ce que l’on peut dire sur l’état de la laïcité. Un constat ambivalent car c’est un principe qui est aujourd’hui mal compris et sur lequel nous devons travailler pour mieux l’expliquer. À dire vrai, à un moment, nous nous sommes même interrogés sur le terme de laïcité et s’il ne fallait pas le remplacer par un autre mot. Mais aucun ne nous est apparu meilleur.

Alors quel rôle joue la Franc-maçonnerie dans la défense de cette laïcité française ?
C’est une question très large que celle du rôle de la Franc-maçonnerie dans la défense de la laïcité. Si vous me permettez je vais resserrer mon propos autour de la Franc-maçonnerie que je connais le mieux, celle du Grand Orient de France. Sans revenir sur le rôle historique de notre institution dans l’avènement de la IIIe République, je dirai qu’il appartient toujours au Grand Orient d’être à la hauteur de ce rôle historique. Aujourd’hui, le Grand Orient de France est toujours considéré comme un acteur essentiel de la laïcité républicaine même s’il n’apparait pas explicitement ou qu’il n’en n’est pas fait mention de son action dans tous les débats et dans tous les articles de presse sur le sujet. Il nous faut donc à la fois être à la hauteur de notre rôle historique dans la construction de la laïcité depuis la moitié du XIXe siècle, mais également être présents au jour le jour pour expliquer et défendre la laïcité, véritable clef de voûte de notre système républicain au regard de toutes ses conséquences sur l’organisation de la société.
Être à la hauteur de notre rôle historique et de la perception moderne de la laïcité, signifie pour nous d’être particulièrement vigilants et actifs aussi bien sur les entorses qui peuvent être faites à la laïcité, que sur les tentatives de sa déconstruction auxquelles on assiste, non pas depuis un an ou deux, mais depuis plusieurs dizaines d’années. Par petites touches, par petites entailles, ici un peu d’électoralisme ou de lâcheté, là des malentendus ou des facilités et on en arrive à une situation générale défaillante, qui oblige alors à taper très fort. Un exemple emblématique est celui du voile avec au départ, en 1989, trois collégiennes voilées. Il aura fallu attendre quinze ans et un problème devenu national pour en arriver, non sans difficultés à une loi. Aujourd’hui tout le monde s’accorde pour dire que cette loi était nécessaire et s’est révélée une bonne loi, ne serait-ce que pour la liberté et l’émancipation de toutes ces jeunes filles. Il faut également toujours avoir présent à l’esprit, et cela est fondamental, que la loi de 1905 est une loi de concorde et de paix civile et sociale. La loi de 2004 allait dans ce sens à la fois pour l’émancipation et pour maintenir cette concorde et cette paix civile. Donc le rôle des Franc-maçons c’est d’avoir tout cela présent à l’esprit ; la vigilance pour toutes les entorses ; être actifs quand on constate des manquements et un risque de perte de substance de la laïcité républicaine. L’histoire du Grand Orient et sa méthode ne sont pas celles d’un parti politique ou d’un syndicat. Le travail en loge, notre organisation locale et régionale et nos structures de veille laïque, nous permettent d’avoir des remontées, de transmettre des alertes, d’être dans la vigilance et aussi d’être une force de proposition. Le Grand Orient a donc un rôle de réflexion, d’alerte et de vigie et en même temps celui d’intervenir auprès des populations d’une manière plus active en organisant des conférences publiques pour mieux faire connaître la laïcité.

On parle de la laïcité mais dans les faits, beaucoup se plaisent à la décliner dans différentes versions, de la plus rigoriste à la plus inclusive. Selon l’historien, Jean Baubérot, il y en aurait sept. Où se situe le Grand Orient ?
Nous sommes en désaccord avec toute différenciation du principe et distinction de diverses laïcités. Pour nous, il y a une seule laïcité et non plusieurs. En revanche, il existe différentes visions de l’organisation de la société, de la séparation des Églises et de l’État, de la liberté de conscience au sein d’un État. Et ces visions sont très différentes selon les nations voire même à l’intérieur des nations. Pour faire très simple, il y a une vision universaliste et une autre communautariste. D’autre part, certains n’envisagent la laïcité républicaine française que sous son aspect juridique : la laïcité ne serait que la loi de 1905. Pour nous, la laïcité a bien plus d’étendue et de ce fait bien plus de portée. Cela lui donne une dimension d’abord philosophique puis juridique et, au final le concept est profondément politique, au sens le plus élevé du mot, celui de l’organisation de la Cité. Aussi en vertu de ce dernier sens, selon nous, la laïcité républicaine française qui s’est formée depuis le milieu du XIXe siècle est unique et exemplaire, parfaitement cohérente.

Donc c’est la laïcité de votre constat positif ?
Oui c’est cela, c’est celle qu’a intériorisé la grande majorité de la population et qui apparaît comme clef de voûte de la République.

L’observatoire de la laïcité devrait disparaître pour être remplacé par une administration et une instance de réflexion type haut conseil. Qu’en pensez-vous ? La laïcité doit-elle être administrée ou continuer à être confiée à la société ?
On ne peut absolument pas reprocher à l’observatoire de la laïcité sa vision juridique de la loi 1905, toute la loi 1905, rien que la loi 1905. Ce que l’on peut regretter toutefois, c’est qu’en la réduisant à ce seul angle, il en restreint l’aspect émancipateur pour toutes et tous, qui est essentiel. En effet, tout en garantissant le libre exercice des cultes par l’article 2 de la loi de 1905, la laïcité républicaine refuse l’aliénation religieuse en commençant par assurer par son article premier la liberté de conscience. Ainsi, à titre d’exemple, il est inacceptable qu’au sein de la république le droit à l’apostasie ne soit pas reconnu sans ambiguïté. Aussi quand l’Observatoire de la laïcité n’intervient pas lorsque des associations cultuelles refusent de signer une charte où figure ce droit, quand il refuse de dénoncer de telles positions, ou d’autres imposant l’inégalité femme - homme, contraires aux principes laïques républicains, joue-t-il pleinement son rôle ?
Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises lorsque j’étais Grand Maitre adjoint. Aussi, sans participer à d’inutiles polémiques, on ne peut que regretter qu’il n’ait rempli qu’en partie son rôle en limitant sa mission au respect juridique de la laïcité, sans jamais intervenir dans tout ce qui de manière sous-jacente, indirecte ou détournée pouvait déconstruire notre laïcité ou réduire sa réalité. Cela, je crois, est un vrai sujet et le problème, selon nous, les limites de l’exercice passé de cet organisme.

Et quel est votre avis sur le projet de Marlène Schiappa de créer une administration de la laïcité ?
Nous sommes favorables à un organe administratif qui serait chargé de la formation, de la vigilance (un mot qui nous parle), ou qui pourrait encore être amené à travailler avec la jeunesse et les associations sportives.. Nous avons mis en place un groupe de travail pour débattre et aligner des idées et donner quelques pistes. Le Grand Orient est un laboratoire d’idées.

Au côté de cette administration de la laïcité en charge de former les fonctionnaires pilotée par le ministère de l’intérieur, ne serait-il pas nécessaire de donner un rôle de premier plan au ministère de l’Éducation pour enseigner la laïcité ? Et quid de l’enseignement du fait religieux ?
Il nous paraît indispensable de revivifier l’enseignement de la laïcité par tous les moyens. Il semble que se produise une réelle prise de conscience au niveau des organes principaux de l’Éducation nationale sur l’importance de ce renforcement.
Nous-mêmes, organisons bientôt les journées « Jean Zay » sur ce sujet de l’éducation. Nous pensons depuis longtemps que c’est un chantier majeur.
Quant à l’enseignement du fait religieux à l’école, nous sommes plus réservés. Pour tout dire nous craignons que cela soit une porte d’entrée à certaines dérives et que l’on ne sache pas ce qui en sortira au bout. Par ailleurs cet enseignement existe déjà dans les programmes d’histoire. Alors qu’en est-il exactement ? Que le fait religieux soit enseigné dans les cours d’histoire est normal, c’est une composante majeure de l’humanité, mais l’enjeu essentiel aujourd’hui est de renforcer l’éducation républicaine qui a visiblement failli ces dernières années.

Allez-vous participer aux « États-généraux » proposés par Marlène Schiappa ? Et quelles seraient vos propositions ?
L’annonce de ces « États généraux de la laïcité » nous a un peu pris de court dans un premier temps et le timing nous paraissait surprenant par rapport aux discussions toujours en cours sur le projet de loi « Respect de la République ». Depuis, nous avons eu l’occasion de faire part de nos réserves sur ces états généraux.
À notre avis la question n’est pas de légiférer à nouveau sur la laïcité mais plutôt d’avoir une politique cohérente, structurée, avec un cap, un objectif, une structure, et ne pas confondre maintien de l’ordre public avec laïcité.
Comme pour la loi « Respect de la République », nous estimons qu’il n’est pas nécessaire de revenir sur la loi de 1905. En quoi le fait de permettre aux cultes d’avoir une gestion lucrative des immeubles de rapport est un apport à la laïcité ? Le fait de revenir à une certaine police des cultes en donnant des nouveaux rôles aux préfets qui doivent avoir des missions de contrôles accrus, est-il nécessaire par rapport à la loi de 1905 et aux lois existantes régissant l’ordre public ?

Justement, dans la loi « Respect de la République » , l’extension de la neutralité aux entreprises délégataires de service public a eu pour corolaire de créer un contrat d’engagement républicain dont le contenu s’est construit autour de l’idée du respect de l’ordre public. Selon vous la laïcité est elle assimilable ou réductible au respect de l’ordre public, autrement dit à la neutralité de l’espace public (port du voile, accompagnatrice, sport, commerce communautaires), de plus en plus réclamée.
Vaste sujet dans lequel il faut tout d’abord commencer par différencier la sphère publique de l’espace public. La sphère publique est tout ce qui concerne l’État, c’est à dire les fonctionnaires de l’administration publique, de l’hôpital, de l’école,... Là évidemment la neutralité complète s’applique sans exception. Deuxième terme, l’espace public. Ici tout est complètement différent. C’est l’agora, la rue, le magasin, là où l’on se promène, où l’on se rencontre, où l’on se mélange. Dans ces lieux la loi de 1905 laisse toute liberté au citoyen d’afficher sa religion comme il l’entend dans la limite du respect de l’ordre public. La loi sur la Burqa en 2010, il faut le rappeler, était une loi sécuritaire sur la dissimulation du visage sans aucun lien avec la laïcité.
Ceci dit, ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est l’instrumentalisation de la laïcité par l’extrême droite, raciste et xénophobe, qui instrumentalise la laïcité en demandant une extension de la neutralité dans la sphère publique à l’espace public. Ce n’est ni plus ni moins qu’une trahison de la loi de 1905, qui est toute d’équilibre et de liberté, et une telle extension serait tout aussi inacceptable qu’une remise en question de la séparation des Églises et de l’État. Dans une sorte d’effet miroir, d’autres propositions s’opposent et forment avec les premières une tenaille dangereuse. À ceux qui voudraient étendre la neutralité de l’État à l’espace public, s’opposent ceux qui veulent étendre la liberté d’afficher la religion à la sphère de l’État. La position du Grand Orient est de considérer que ces atteintes au système actuel sont antirépublicaines. Elles détruisent l’équilibre absolument formidable réalisé par la loi de 1905 et pensé par Briand, Jaurès et tous ceux qui ont travaillé sur ce texte d’équilibre et de liberté.

Alors à brûle-pourpoint, quid des accompagnateurs scolaires, du burkini, du hallal ?
Pour les parents et accompagnatrices scolaires, je réponds par une question : faut-il préserver la liberté d’expression des collaborateurs occasionnels de l’Éducation nationale ou la liberté de conscience des enfants ?
Quant au burkini, il ne s’agit pas là d’une entrave à la laïcité mais d’un problème de séparatisme femme-homme qui ne correspond pas à l’esprit de la république.
Pour le hallal, la question n’est pas qu’il y ait des produits et des commerces hallal mais qu’il existe en France des lieux où il n’y a pas d’alternative. L’important est que ceux qui veulent acheter du hallal et prier dans un lieu digne près de chez eux, puissent le faire, et que ceux qui veulent acheter un bon saucisson ou une bouteille de whisky, puissent le faire également. La laïcité est liberté et nous sommes dans un pays démocratique qui a fait 1789...

Votre sondage IFOP sur la position des Français envers le Concordat indique qu’une très large majorité (78 %) est hostile au Concordat et se déclare favorable à son abrogation. Comment comprenez-vous le maintien de l’exception concordataire en Alsace-Moselle et des régimes dérogatoires Mayotte - Guyane Française, … ?
Je crois que c’est par inertie que l’État poursuit dans cette voie. L’État ne mesure pas l’importance de revenir sur cette anomalie républicaine, pas plus qu’il ne mesure, comme vous l’avez rappelé, l’adhésion des populations, même locales, à l’abrogation de cette anomalie républicaine. Il ne faut pas confondre, comme cela est fait par les défenseurs du Concordat, le droit local et le Concordat. Nous respectons le droit local qui est souvent d’ailleurs plutôt avantageux et nous ne sommes pas pour diminuer les droits sociaux de nos concitoyens, bien au contraire. En revanche nous considérons vraiment le Concordat comme une anomalie et il n’est pas normal de financer encore aujourd’hui les représentants des cultes à hauteur de 70 M €.

La Franc-maçonnerie mène le combat pour la laïcité dans une République au prise avec une société française qui mute rapidement. Pensez-vous continuer à y tenir ce rôle historique et comment ?
Par les valeurs qu’elle porte, notre Franc-maçonnerie doit être un pont républicain vers tous les citoyens. Je pense que les valeurs d’universalisme, de solidarité, de fraternité que nous portons doivent être, comme depuis l’origine de l’idée maçonnique, au service de la concorde et de la paix sociale, de la paix civile. Les Franc-maçons doivent remplir ce rôle avec beaucoup de détermination et sans discours stigmatisant. Avec humilité, nous pouvons, avec d’autres, être un des vecteurs de cette paix et de cette concorde civile envers tous nos compatriotes.
La Franc-maçonnerie doit avoir beaucoup d’humilité et en même temps un certain réalisme. Depuis trois siècles, depuis que la Franc-maçonnerie existe, on peut constater au travers des archives de nos loges que le Grand Orient de France a toujours travaillé sur des améliorations essentielles de la société française, travaux qui se sont ensuite traduits dans des lois pour aboutir par exemple aux grandes lois laïques de la République, aux lois plus récentes sur la bioéthique, la contraception, etc. La Franc-maçonnerie a toujours travaillé avec son temps, soit de manière concomitante, soit, le plus souvent, dans l’anticipation. Les sujets arrivent en loge et puis, dix, vingt, trente, quarante ans après ils se traduisent dans la loi ou dans le fonctionnement de la société. C’est en ce sens que l’on peut penser ou dire que la Franc-maçonnerie a un véritable rôle de laboratoire de réflexion. Après, il est permis de penser qu’elle n’a fait qu’accompagner l’évolution des moeurs de la société, ou au contraire y contribuer plus probablement par l’engagement de ses membres, et qu’au final tout cela ait précipité, au sens chimique du terme, pour être source de progrès.
Je suis convaincu qu’il nous faut être humble, mais aussi que la Franc-maçonnerie doit rester ce qu’elle est, un laboratoire d’idées qui travaille selon une méthode qui lui est propre bien différente de celle d’un think-tank. Nous travaillons sur le temps long, sur la durée. C’est cela qui donne toute sa richesse à la pensée maçonnique.

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