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  • Publié le 15 septembre 2023

Présence d’Emmanuel Macron à la messe du pape : une infraction au principe de laïcité ?

Le président peut-il assister à la messe du pape ? La venue d’Emmanuel Macron au stade Vélodrome à Marseille pour participer à l’office célébré samedi 23 septembre par le pape François pose la question de la conformité à la laïcité de son initiative.

La loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État a pour fondement de séparer au sein de l’État ce qui relève du politique de ce qui dépend de la religion. Mais si l’État ne privilégie aucun culte il les reconnaît tous et garanti par conséquent la liberté de conscience à tous les citoyens, la liberté de croire ou de ne pas croire, les rendant ainsi tous égaux devant la loi. Ainsi le principe de laïcité est un principe de liberté des individus qui repose sur la neutralité de l’État vis-à-vis des religions.
S’agissant des représentants de l’État, qu’ils soient fonctionnaires ou élus, en tant qu’individu (dans la sphère privée) ils jouissent de la liberté de conscience. Mais, dans le cadre de leur fonction ou lorsqu’ils représentent l’État ils sont alors tenus de respecter cette neutralité.
Cette obligation s’applique des élus locaux, les maires notamment, jusqu’au Président de la République. Pour le chef de l’État, cela a plusieurs conséquences. Dans la sphère personnelle, le président n’est pas dénué de vie privée et il peut aller à l’office de son choix. Le général de Gaulle allait à la messe quasiment chaque dimanche et lorsqu’il communiait, il précisait toujours que c’était à titre privé. Il n’était alors plus le président mais l’individu Charles de Gaulle. Georges Pompidou ou Valéry Giscard d’Estaing ont aussi assisté à des messes à titre privé. Présent à titre officiel, en représentation publique, le chef de l’État ne peut participer aux sacrements et aux rituels religieux.

Visite privée du pape et présence officielle du président français

Le dimanche 5 février 2023, le pape François a confirmé qu’il se rendrait à Marseille (Bouches-du-Rhône) les 22 et 23 septembre 2023 pour assister à la Rencontre de la Méditerranée, une réunion d’évêques. Depuis, l’invitation lancée par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille s’est étoffée avec l’organisation de cette messe géante au mythique stade Vélodrome. Le 9 août dernier, le souverain pontife avait cependant insisté pour indiquer ce n’est pas une visite officielle.
L’annonce de la participation du chef de l’État à la messe du stade Vélodrome faite jeudi par les services l’Élysée. Les même qui informent de tous ses déplacements officiels et répercutent toutes les décisions qu’il prend dans le cadre de ses fonctions. Il est ainsi difficile de dénier le caractère officiel de cette annonce. Ce midi, Emmanuel Macron l’a confirmé lors de la visite d’une collégiale en Côte d’or. Il a déclaré qu’il se rendrait à cette messe en tant que chef d’État mais « qu’il ne communierait pas ».
Soit, mais au regard de la loi 1905 et de la pratique de la laïcité, la règle veut qu’un chef de l’État n’a pas, en tant que tel, à participer à un service religieux, sauf dans le cas précis où la République à travers lui manifeste un hommage national à un grand personnage civil ou religieux. L’exemple type pour Emmanuel Macron fut sa participation à la messe célébrée en 2017 en mémoire du père Jacques Hamel, un an après son assassinat en l’église de Saint-Etienne du Rouvray. Il a aussi assisté aux messes d’enterrement de grands personnages. Il participera sans aucun doute à une messe à Notre-Dame de Paris après sa reconstruction.
Mais s’agissant de la messe géante au stade Vélodrome, l’office a été initié par le diocèse de Marseille. Il sera célébré par le pape "qui n’est pas en visite officielle en France". Il s’agit donc bien pour Emmanuel Macron d’y assister au motif que cette messe est dite dans l’enceinte "mythique" du stade Vélodrome par le pape François et non de venir à une cérémonie officielle en présence du chef d’État du Vatican. Si d’ailleurs tel avait été le cas, selon le protocole, ils auraient été assis assis côte à côte pendant l’office. Il apparait donc que c’est bien le président de la République qui a fait de sa participation à cette messe organisée par le diocèse de Marseille un événement officiel de son agenda personnel et de celui du président de la République française. Cette confusion des rôles au plus haut sommet de l’État vient brouiller le message du gouvernement sur le principe de laïcité alors même que le ministère de l’Éducation nationale agit énergiquement pour améliorer sa compréhension et prend des mesures fortes pour son respect. Ce nouvel "en même temps" du président est un nouveau cas d’école pour la laïcité française d’autant qu’il concerne une nouvelle fois l’Église catholique. Bien sûr, les défenseurs d’une laïcité "ouverte" arguent qu’Emmanuel Macron est le chef d’une république laïque où nombre de ses concitoyens sont de confession catholique et que sa présence peut alors être vue comme une manière de leur montrer une marque de respect ainsi qu’à leur religion. Mais alors ne devrait-il pas faire de même avec toutes les religions ? Et dans ce cas quid de la séparation des Églises et de l’État ?

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