Le voile : dévoilement d’un matriarcat religieux

Dans le cadre de mon travail et compte tenu de sa localisation (Seine Saint-Denis, Bobigny, Aulnay, …. ), il arrive souvent que mon équipe et moi recevions des femmes voilées. Rien de perturbant, toutefois certaines d’entre elles ne se cachent pas lors de mon passage de me dévisager de la tête au pied.

Oui, c’est vrai, je me nomme Fatima. Mais pourquoi cela irait-il automatiquement de pair avec un accoutrement traditionnel ou pieux ? Pour certaines de ces femmes voilées, cela à l’air pourtant évident tant elles me font sentir par leurs regards que je suis dans le péché.

Leur tentative de créer de la culpabilité en raison mon style vestimentaire, cela ne fonctionne pas, en tout cas pas chez moi. Mais cela devient insupportable à la longue : je prends quotidiennement le bus pour me rendre au travail et un trajet sur deux, je dois affronter le regard inquisiteur de ces femmes qui me dévisagent avec dégout, un regard d’une violence bien supérieure à ceux réprobateurs et masculins dont je fais également l’objet dans mon quartier.

On condamne facilement le comportement violent des hommes musulmans porteurs du discours religieux, or on n’oublie bien trop souvent que les femmes voilées l’incarnent également mais dans une attitude passive, dans un non dit beaucoup plus pervers et non moins violent.

Je suis maghrébine et cela se voit. Alors ces femmes me pardonnent d’autant moins mon style vestimentaire urbain, mon allure, mon refus de l’asservissement volontaire matérialisé par le port du voile. Pas plus tard qu’hier, dans, le bus, une femme voilée d’un certain âge m’a dit ceci : « Ma fille, pourquoi as-tu les cheveux courts ?, tu sais que chez nous c’est haram ». J’ai eu envie de lui demander «  chez nous c’est où ? ». Cette réflexion j’y ai droit en moyenne une fois par mois.

Au fond, ce sont ces femmes qui entretiennent et renouvellent au sein de la communauté maghrébine et dans les nouvelles générations masculines, une tradition aux fonctionnements archaïques et aux comportements violents. Elles seront les futurs mères qui engendrent les bourreaux du quotidien, les nourrissant d’un discours religieux sans concession vis à vis des femmes qui se refusent au port foulard islamique.

J’ai été élevé dans un environnement familial imprégné par la religion musulmane, avec l’obligation dans ma prime jeunesse, d’assister durant plusieurs années à l’enseignement coranique.

Aujourd’hui, je vois que cet enseignement s’impose dans les quartiers. Il cristallise le phénomène du port du voile qui est en augmentation : nous y voyons de plus en plus de femmes voilées et de moins en moins de femmes « pécheresses provocatrices » comme moi qui assument quotidiennement et librement leur vie et ne désirent pas porter le voile. F.F