«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

Vendredi 13 et vous 

Ce n’est pas un hasard si la Française Des Jeux organise ce vendredi 13 mai (le seul de l’année) un super loto de 13 millions d’euros. Les Français feront à nouveau, à l’occasion de ce « rituel national », la démonstration de leur attachement au chiffre 13 dont la symbolique ancre les Français dans une superstition positive : la chance. C’est ce que montre cette étude Ifop qui a interrogé les Français sur leurs rapports à la chance et plus globalement au « superstitieux », autant de phénomènes irrationnels qui ne cessent de prendre de l’ampleur depuis une vingtaine d’années.

Les principaux chiffres de l’enquête sur le 13

De plus en plus de Français ont tendance accorder de l’importance au vendredi 13 puisque qu’un tiers d’entre eux (31%) croient en sa portée positive, un résultat en hausse de 7 points depuis 2014.
Cela tient au fait que chiffre 13 occupe en France une place importante dans les croyances populaires. Ce sont, en effet, presque un Français sur trois (26%) qui accordent de l’importance au chiffre 13 dans leur vie quotidienne, un résultat qui a augmenté de 3 points en deux ans, signe d’un ancrage fort de cette croyance. Ce numéro « magique » s’avère être un élément incontournable et transversal de la culture populaire comme le montre cet autre résultat de l’enquête : 22% redoutent de manger à 13 à table.
Alors que le « 13 » peut aussi bien être perçu comme un élément de malheur que de chance par les Français, ces derniers n’hésitent pas à trouver d’autres moyens de palier à leur malchance. En effet, cette étude révèle l’importance de la notion de chance dans l’opinion. Si sept Français sur dix (71%) se sentent malchanceux, le recours à la superstition s’avère fondamental pour plus de deux tiers des personnes : 69% croient dans au moins une superstition positive (trèfle à quatre feuilles, toucher du bois, étoile filante, …). Autant de croyances en perpétuelle hausse depuis presque trente ans : un tiers des Français (30%) se dit superstitieux, une hausse de 7 points depuis 1990.
L’ampleur du phénomène chance et du phénomène superstition s’inscrit dans un contexte plus global d’augmentation du paranormal dans la population, une dynamique notamment portée par les jeunes générations. En effet, diverses études sur le sujet enregistrent depuis 20 ans une hausse constante et structurelle de la croyance dans le paranormal : la croyance dans l’astrologie a connu un bon de 11 points (44%), le déchiffrage des lignes de la main a vu son nombre d’adeptes augmenter de 15 points, la sorcellerie de 11 points et la voyance de 14 points (32%).

Parasciences et superstitions : une adhésion toujours plus haute

Aujourd’hui, près de six Français sur dix (62%) déclarent croire dans au moins une parasciences (astrologie, sorcellerie, voyance,…), un taux en augmentation constante depuis plus d’un vingtaine d’années. Ainsi, plus de quatre Français sur dix (44%) croient dans l’explication des caractères par les signes astrologiques, un résultat en hausse de 11 points depuis les années 2000. D’autres disciplines suivent la même dynamique comme la croyance dans les lignes de la main (32% y croient, soit une hausse de 15 points depuis 20 ans), la sorcellerie (32%, +11 points) et la voyance (32% également, +14 points).
La bonne étoile et l’astrologie s’imposent comme les grandes reines des croyances paranormales : plus de la moitié de la population (56%) croient dans sa bonne étoile et 44% dans l’astrologie. Et cette dernière s’avère être plus qu’une simple croyance puisque qu’elle s’immisce dans les relations que les personnes entretiennent avec les autres. Ce sont en effet trois Français sur dix (30%) qui demandent aux personnes qu’ils rencontrent leur signe astrologique. Et ce critère ne semble pas pris à la légère puisque c’est surtout quand est envisagée une relation longue et sérieuse que ce critère prend de l’importance : 24% des Français demandent le signe astrologique d’un potentiel ami ou conjoint, contre seulement 9% pour les relations sexuelles d’un soir. De plus, 20% pensent que le signe astrologique des personnes cotoyées à un impact sur la relation.
Près d’un quart des Français (26%) se disent attentif au chiffre 13, une proportion qui a augmenté de 3 points en deux ans. Plus qu’une progression significative, ce résultat illustre l’ancrage de cette croyance. Une tradition relativement forte dans la population, et plus puissante quand elle est associée à un jour spécifique de la semaine, le vendredi : 31% des Français déclarent croire dans le vendredi 13, une croyance en hausse de 7 points depuis 2014.

Des Français plus superstitieux qu’ils ne le pensent

Si 70% des Français disent ne pas être superstitieux, dans le détail la réalité des comportements semble autre puisque qu’une nette majorité de Français croient dans diverses superstitions : 54% croient dans au moins une superstition négative et 69% dans une positive. Ceci peut s’expliquer par le caractère traditionnel de certaines de ces croyances.

Les chiffres clefs de la superstition :

54% des femmes adhèrent à l’explication des caractères par les signes astrologiques contre 34% des hommes.
32% des Français croient en la voyance quand ils étaient 21% en 2000
31% pensent que le vendredi 13 porte bonheur.
33% des personnes interrogées estiment que casser un miroir porte malheur.
45% des 25-34 ans se disent superstitieux.
7 Français sur 10 ne se considèrent pas chanceux.
20% des Français pensent que leurs relations sont influencées par le signe astrologique de leur entourage.

Dans le détail, certaines superstitions se démarquent. Parmi les superstitions négatives auxquelles les Français accordent le plus d’importance on retrouve le fait de passer sous une échelle et de casser un miroir (33%). Non seulement elles arrivent en tête du classement des superstitions négatives, mais ce sont aussi celles qui ont connu la plus forte progression sur les trente dernières années (respectivement +6 et 4 points). Du côté des superstitions positives, le trèfle à quatre feuille apparaît comme le grand vainqueur puisque plus d’un Français sur deux (52%) croient en ses vertues.
Plus globalement, ces résultats montrent que les Français s’avèrent plus attentifs aux supestitions positives que négatives, signe du rôle de réassurance joué par ces dernières. Un résultat à mettre en perspective avec la malchance dont les Français s’estiment frappés : plus de sept français sur dix pensent ne pas être chanceux. Un résultat en nette hausse depuis 2014, conséquence probable des crises successives (économiques, sanitaires, sécuritaires) sur le moral de toute une société.

Les jeunes, les femmes et les plus précaires : les plus crédules

Cet engouement pour les parasciences et le superstiteux semble porté par les jeunes générations. On retrouve en effet de manière transversale dans quasi tous les résultats de cette étude une plus forte appétence des moins de 35 ans, et notamment des 18-24 ans : ce sont par exemple 73% d’entre eux qui croient dans au moins une discipline de parasciences, soit un delta de 11 points avec l’ensemble de la population. Ils sont également plus nombreux à se dirent superstitieux : 36% chez les moins de 25 ans et 45% chez les 25-35 ans contre 13% des 65 ans et plus. Cette fracture générationnelle peut notamment s’expliquer par le regain d’un besoin de spiritualité chez les plus jeunes, moins imprégnés d’une lecture rationnelle de la société et du monde depuis l’après-guerre.
Les femmes apparaissent également comme plus sensibles à ce type de croyance : 69% croient dans une discipline de parascience contre 53% des hommes, et 35% se disent superstitueuses contre 24% des hommes. Comme le met en avant le sociologue Daniel Boy, spécialiste de ces questions, la réceptivité accrue des femmes peut s’expliquer par leur difficultés plus importantes à avoir un avenir professionnel et familial certain et sécurisé. On peut y voir ici l’impact du contexte patriarcal dans lequel certaines femmes cherchent à maitriser davantage leur avenir et à trouver une explication à diverses situations.
Ces clefs d’explications peuvent également s’appliquer aux Français les plus en difficultés exprimant une plus grande appétence aux parasciences et à la superstition : 72% des catégories pauvres croient dans les parasciences contre 45% des catégories aisées et 40% des individus se percevant comme des perdants de la mondialisation se disent superstitieux contre 26% de ceux ayant l’impression d’être des gagnants de ce système. Entre difficultés financières, sentiment d’infériorité et déclassement ressenti, ces Français cherchent une autre vérité et font de ces croyances des voix de réassurance.

Notice de l’étude : Étude Ifop pour Frédéric Esteban réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 28 au 29 avril 2022. Voir l’étude.

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