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- Publié le 5 décembre 2022
Iran : passer de l’autre côté du voile
Ce samedi, les autorités iraniennes ont déclaré qu’elles allaient revoir la loi sur le port obligatoire du hijab. Cette décision du gouvernement est l’aboutissement de plus de deux mois de protestations contre le régime et sa police connue sous le nom de Gasht-e Ershad (patrouilles d’orientation). Une police chargée de faire respecter le code vestimentaire pour les femmes de la République islamique, dont le port obligatoire du foulard en public. Elle leur interdit également de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés et des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives, entre autres.
En Iran, l’obligation pour les femmes de porter le hijab est inscrite dans la loi depuis 1983. Mais il n’y a pas de consensus sur la question dans le pays. Il existe un débat entre les milieux conservateurs et réformateurs. Les premiers insistent sur l’application de la loi de 1983, tandis que les seconds proposent que les femmes soient autorisées à choisir de se couvrir ou non la tête.
Aussi, samedi, quand le procureur général d’Iran, Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé la dissolution de la police morale arguant que « La police des mœurs n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, et elle a été abolie par ceux qui l’ont créée » et que « le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient » sur la question du port du voile obligatoire, il s’est bien gardé de préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi, renforcée cet été. Depuis le 5 juillet, à l’initiative du président ultra-conservateur, Ebrahim Raïssi. une loi « sur le voile et la chasteté du pays », impose de nouvelles restrictions aux femmes. Le foulard obligatoire doit couvrir, en plus des cheveux, le cou et les épaules. Mahsa Amini, 22 ans est probablement décédée de l’application zélée de cette loi par la patrouille qui l’a arrêtée pour avoir « porté de manière inappropriée » un hijab.
Par ailleurs, si la police des moeurs a disparu, ses membre réintégreront les rangs des corps de la police et des Gardiens de la révolution qui ont récemment fondus pour constituer un bloc sécuritaire monolithique, plus sûr et plus contrôlable pour le régime en place.
Un régime qui a pu paraître aux abois et donc prêt à lâcher du lest pour stopper les manifestations qui, selon les militants des droits de l’homme, on fait au moins 469 victimes, dont 64 mineurs et une majorité de femmes.
Aujourd’hui lundi 5 décembre, a lieu la première journée de grève générale en Iran. La protestation sociale sur les signe religieux franchit un pas et devient une contestation globale, sociétale, rejetant le régime et son chef, l’Ayatollah Ali Khamenei.
Quelques éditorialistes en France ont comparé l’abolition de la police des moeurs et (le possible) assouplissement du port du Hijab à la chute du mur de Berlin. Le symbole est fort et bien trouvé. Il est porteur d’espoir pour les iraniennes et les iraniens et pour le reste du monde où flottent les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Le courage et la détermination des femmes iraniennes à enlever et brûler leur voile est équivalent dans les évènements qui ont conduit à la chute du mur de Berlin et à la fin de la guerre froide à celui des coups de pioches portés dans le mur au vu et au su des « Vopo » du régime d’Erich Honecker.
Car il faut se rappeler que la chute du mur de Berlin a lieu dans la nuit du 9 novembre 1989 lorsque des Berlinois de l’Est, avertis par les médias ouest-allemands de la décision des autorités est-allemandes de ne plus soumettre le passage en Allemagne de l’Ouest à une autorisation préalable donnée au compte-gouttes, forcent sans violence l’ouverture des points de passage aménagés entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Le mur est ensuite détruit dans la nuit.
En Iran aujourd’hui. Le processus est inverse. Les voiles tombent puis la loi s’assouplit ou promet de l’être. La situation réclame donc toute notre vigilance et notre soutien au peuple iranien et à ses femmes qui luttent contre leur asservissement par le biais de signes et de principes religieux d’une théocratie islamique comme il y en a beaucoup dans le monde. Les héritiers des Lumières que nous sommes devons toujours aider ceux qui prétendent à leur liberté et à la dignité humaine, à passer de l’autre côté du mur, à passer de l’autre côté du voile.
Solidaires !
L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, en 2024, il faut continuer d’agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de "l’opération spéciale" russe.
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