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  • Publié le 5 février 2020
  • Mise à jour: 18 février 2020

« État des lieux de la laïcité en France » : Seule une minorité de Français estiment que « la laïcité, en pratique, est un principe qui rassemble »

Le baromètre annuel « État des lieux de la laïcité en France », réalisée en janvier 2020 par Viavoice pour l’Observatoire de la laïcité livre une opinion fortement contrastée des français sur la laïcité. En effet, si une majorité d’entre-eux voient toujours dans la laïcité un principe républicain et y restent attachés, ils ne sont désormais qu’une minorité à estimer que « la laïcité, en pratique, est un principe qui rassemble ». Des chiffres inquiétants et une laïcité qui semble pâtir de plus en plus de polémiques médiatico-politiques incontrôlées.

La nouvelle livraison du baromètre de l’Observatoire de la laïcité qui intervient en pleine polémique de l’affaire « Mila » affirme dans son introduction que « les récentes polémiques n’ont que peu impacté les perceptions des Français sur la laïcité, un principe qui est par ailleurs de mieux en mieux compris  ». La première partie de cette affirmation des rapporteurs interrogera tout lecteur de l’étude car on y découvre dans la section « La laïcité dans les médias et le débat public » que 53 % des sondés déclarent que « trop souvent, on ne parle de laïcité qu’à travers la polémique » et, dans le même temp, qu’ils sont 38 % à regretter qu’en règle générale, on ne parle pas assez de la laïcité dans les médias et le débat public. Ces deux chiffres semblent donc nous indiquer que les polémiques impactent la perception de 53 % des français sondés, qui, pour 38 % d’entre eux, restent en demande d’explications.
Pour autant, cette contradiction dans l’opinion, que l’on observe également dans le tout récent sondage Ifop pour Charlie Hebdo (soutien majoritaire à Mila mais avec 50 % des français contre le blasphème et 50 % pour), n’invalide en rien ce que révèle l’étude : dans la continuité des tendances observées en 2019, des Français qui expriment toujours un attachement très fort à la laïcité.

Un attachement toujours très fort à la laïcité mais...

Dans la tendance des résultats de l’an passé, près de trois Français sur quatre (74 %) se déclarent attachés à la laïcité telle que définie par le droit (après rappel de la définition). Pour les auteurs de l’étude, ce niveau d’attachement reste corrélé au niveau d’information et de connaissance que l’on dispose de la loi et de la jurisprudence. Autrement dit, plus les Français connaissent le droit en vigueur, plus ils se déclarent attachés à la laïcité (ceux qui en connaissent la bonne définition juridique sont ainsi 83 % à s’y déclarer « attachés »). Dans leur synthèse, les rapporteurs pointent un second élément d’explication à cet attachement : pour 70 % des Français , la laïcité est « un principe républicain essentiel », plus encore, ce principe fait partie de l’identité de la France » pour 78 % d’entre eux.
Mais pourtant, page 21 de l’étude, ils ne sont que 45 % des français sondés a considérer que la séparation entre l’Etat et les organisations religieuses qui découle de la loi de 1905 est adaptée et ne doit pas être modifiée et 24 % souhaitent que la séparation soit renforcée quand 10 % plaident le contraire et sont pour un assouplissement et pour permettre le subventionnement du culte, les aides financières pour la construction de lieux de culte, l’indemnisation des ministres du culte, etc. À noter que 21 % ne se prononcent pas sur cette question du principe de laïcité et que l’étude ne livre pas de comparaison avec les résultats du baromètre précédent, comme elle le fait pour d’autres questions. Ainsi, par exemple, les chiffres sur l’application de la laïcité dans les institutions publiques : en page 19 du rapport, comparativement au baromètre de janvier 2019, ils font apparaître une évolution négative de l’opinion des sondés par rapport à la bonne application de la laïcité dans la Police-Gendarmerie, l’école, l’hôpital, les collectivités locales,... Est-ce de l’attachement grandissant à la laïcité et de sa meilleure compréhension que proviennent ces chiffres ? Notre lecture du sondage nous invite à penser que la question trouve peut-être sa réponse page 22, quand à la question « dans les années à venir, selon vous, à quelles principales difficultés sera confrontée la laïcité en France ? », au regard des résultats précédents, il apparaît que les sondés voient de moins en moins la présence des religions dans l’espace social et public comme une difficulté future pour la laïcité. Ce que contient aujourd’hui réellement l’attachement à la laïcité, n’est-il pas celui à une laïcité « inclusive » souhaitée par les religions. La question est posée.
Là encore la pertinence de cette enquête fournit des réponses. En relevant que « la persistance d’un écart très fort entre la laïcité telle qu’elle est définie en théorie et telle qu’elle est appliquée au quotidien s’installe clairement », on pourrait voir les premiers effets de l’affirmation « d’un État ou d’une république (théorique, institutionnel et séparé) qui n’est pas la société (pratique) ».
Les rapporteurs ne relèvent pas autre chose quand ils écrivent « En ce sens, si pour une majorité relative de Français (43 %) la laïcité est « un principe qui rassemble en théorie » (seuls 18 % estiment qu’elle « divise »), ils ne sont que 19 % à estimer qu’elle « rassemble en pratique » (et 38 % estiment qu’elle « divise »).

35 % des sondés se disent croyants et 14 % pratiquent

Dans son État des rapports à la religion et des pratiques religieuses, l’étude fait apparaître que 35 % des sondés se disent croyants quand 29 % se déclarent athées et non-croyants et 17 % agnostiques (7 % n’ont pas souhaité répondre). Parmi eux, 47 % se disent liés à la religion catholique et seulement 3 % à l’islam !
On remarque que la pratique des religions semble toujours rester secondaire par rapport à la croyance puisque 14 % des croyants avouent des pratiques religieuses « une fois par mois et plus ». Si le phénomène de la croyance religieuse semble rester stable (à part l’aberration du chiffre concernant les croyants de l’islam), il convient de signaler que l’étude ne fournit pas d’indice d’évolution ou de tendance pour ces données.

Dans leurs conclusions, les rapporteurs soulignent que leur enquête et les analyses qui en découlent plaident pour une meilleure application de la loi mais aussi pour une plus grande pédagogie. Il faudrait sans aucun doute y rajouter la vigilance. En effet, cette dernière constitue au quotidien le défi majeur des acteurs politiques et institutionnels pour mieux appliquer et mieux parler de la laïcité telle qu’elle est définie aujourd’hui - surtout si l’on veut qu’elle demeure un outil de cohésion nationale comme l’ont bien notifié et souhaité les auteurs de cette bonne et instructive enquête.

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