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- Publié le 17 mai 2022
- Mise à jour: 20 mai 2022
29 voix pour, 27 contre : Grenoble autorise le burkini dans ses piscines municipales
Le conseil municipal de Grenoble a finalement tranché ce lundi 16 mai 2022 : le port du burkini sera bien autorisé dans ses piscines municipales. La réunion du conseil municipal qui s’est tenue sans public était retransmise en direct sur YouTube. Elle s’est déroulée, comme l’on pouvait s’y attendre, dans une ambiance passablement houleuse et agitée, et au final, devant une assemblée très divisée. Une division qui s’opère au sein même de la majorité municipale. Quand certains ont indiqué qu’ils souhaitaient voter en faveur de ce règlement comme Chloé Pantel qui juge que rien n’autorise légalement son interdiction. « Les raisons du choix de sa tenue ne concernent que le baigneur ou la baigneuse », d’autres ont souhaité voter contre, comme Amel Zenatti qui estime que l’injonction à porter le burkini renvoi au patriarcat et à l’islam politique qui exercent un contrôle sur le corps des femmes. Antoine Back, adjoint au maire, estimant qu’il ne devrait pas appartenir aux seuls élus grenoblois de trancher une « controverse politico-théologique » a fustigé un « gouvernement démissionnaire ». Pas si démissionnaire que çà. Avant même le vote, le préfet de l’Isère Laurent Prevost a annoncé dans un communiqué du dimanche 15 mai, sa volonté de « saisir le tribunal administratif en cas d’adoption » des « conditions et tarifs d’accès aux piscines municipales » inscrites à l’ordre du jour. « L’objectif principal de cette modification consiste à autoriser le port du burkini » et de « céder à des revendications communautaristes à visées religieuses », avait affirmé le préfet. « Cela paraît contrevenir au principe de laïcité. »
L’opposition très opposée
L’opposition municipale a elle aussi tiré à boulets rouges sur cette proposition du maire : Hosny Ben Redjeb, qui a quitté la majorité d’Éric Piolle à l’automne 2020 a estimé que « le sujet n’est effectivement pas essentiel pour les Français de confession musulmane qui aspirent à vivre en société sans qu’on les ramène à des sujets qui les stigmatisent ». De confession musulmane l’élu considère que « le burkini peut sembler anodin, mais sous le vernis de son apparente simplicité se cachent des enjeux sociétaux où le statut de la femme est central ».
« Notre ville est devenue grâce à vous la risée de France », a lancé de son côté Émilie Chalas, du groupe Nouveau regard, fustigeant une « proposition (qui) s’oppose à l’émancipation des femmes ».
« Vous n’ignorez pas que cette revendication extrêmement minoritaire n’a rien voir avec la liberté des femmes », a encore insisté l’ancien maire, Alain Carignon (LR). « Vous ne pouvez pas passer en force sur un sujet aussi sensible qui sépare autant les Grenoblois. Je pense que vous vous grandiriez aujourd’hui en retirant cette délibération » a rajouté l’ancien maire qui aurait aimé qu’un référendum sur la question soit proposé aux habitants.
Une décision sous influence ?
Beaucoup d’élus ont accusé le maire d’être influencé dans cette décision par l’association « Alliance citoyenne » qui avait été à l’origine des premières actions de revendication pour le port du burkini à Grenoble, en 2019. D’autres, tel Nicolas Pinel du groupe d’opposition de la Société civile, divers droite et centre, accuse le maire d’avoir fait « ce choix maladroit », « malsain » pour servir une « ambition présidentielle et (son) buzz national ».
Dans les jours précédant le conseil municipal, Éric Piolle, maire écologiste de la ville, s’était évertué à défendre son projet d’autorisation du burkini dans les piscines, assurant qu’il s’agissait d’un « non-sujet » et que la modification du règlement intérieur des piscines municipales ne visait qu’à « lever les interdits vestimentaires aberrants » et à aller à l’encontre « des injonctions sur le corps des femmes ». Durant le débat, il a rappelé que la ville de Rennes a mis en application un règlement qui n’interdit pas le burkini et que depuis quatre ans, « tout se passe bien ». Le maire de Grenoble a également rappelé qu’en 1800, un « interdit vestimentaire empêchait aux femmes de s’habiller comme des hommes ». Il a aussi insisté sur le fait que rien n’interdit le port de vêtements religieux dans l’espace public, « y compris à la piscine ».
Pour Éric Piolle, « ce combat pour la liberté de leurs corps pour les femmes est un combat qui nous tient à cœur et nous voulons arrêter les interdits vestimentaires ».
Illustration : action Alliance citoyenne dans la piscine Jean Bron de Grenoble le 23 juin 2019. Crédit Séverine Cattiaux.
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