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- Publié le 4 janvier 2022
- Mise à jour: 6 janvier 2022
Le chanteur Gims ne veut plus qu’on lui souhaite la « bonne année » : mais pourquoi ?
« S’il vous plaît, laissez-moi avec les ’’Bonne année, Nouvel an’’… Laissez-moi avec ça. » Dans plusieurs vidéos postées le 1er janvier sur son compte Instagram, le chanteur Gims a expliqué à ses fans pourquoi il ne souhaitait pas célébrer le passage à la nouvelle année. « Vous savez bien que je n’ai jamais répondu à ça, et vous continuez à m’en envoyer tout le mois de janvier, février… […] Ce sont les ’’muslims’’ (musulmans) la plupart qui m’envoient ça. Est-ce que les compagnons (du prophète) ont fêté le Nouvel An ? Non. Les gars, s’il vous plaît arrêtez », a-t-il répondu.
Même chose pour les anniversaires. Maitre Gims confie « souffrir avec ça ». « C’est un pas de plus vers la mort, estime-t-il. On ne fête pas ça. Ça ne fait pas partie de nos convictions, venez on se concentre sur nos trucs à nous. Ce n’est pas méchant. Mais restons forts sur nos valeurs », explique le chanteur converti à l’Islam depuis 2004.
Polémiques pas qu’à-droite-s...
Les premiers à réagir à ces propos sur les réseaux sociaux, ont été des personnalités classées à l’extrême droite. La salve polémique a d’abord été relayée samedi soir par Damien Rieu, l’ex porte-parole de Génération identitaire. Puis dimanche,Eric Zemmour s’est emparé du sujet en tweetant à son tour les propos de Gims mettant au passage en cause Valérie Pécresse pour son « soutien » à Maître Gims qui l’avait lui-même soutenue publiquement au moment des dernières élections régionales.
La ministre déléguée chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa n’est pas non plus restée muette Lundi, sur RMC, elle a interpellé Valérie Pécresse sur les propos du chanteur congolais et une rumeur de soutien financier régional : « J’ai appris récemment dans une émission de télévision que Maitre Gims était financé par la région Île-de-France et qu’il avait apporté son soutien à Valérie Pécresse. Je lui demande aujourd’hui ce qu’elle pense de ces propos. Chacun sait ce que je pense de ce type de pratique. Je demande à Valérie Pécresse, qui est soutenue par Maitre Gims, de se prononcer », a lancé Marlène Schiappa. « En tant que ministre chargée de la citoyenneté, je lutte contre la radicalisation, le séparatisme, une forme de communautarisme », a-t-elle réagi. De fait, dans sa vidéo publiée en ligne, Gims notifie bien que la période des fêtes de Noël n’est pas une période de fête musulmane ce qui n’est une surprise pour personne : « […] Noël, on respecte, mais ce ne sont pas nos fêtes », déclare-t-il.
Cet épisode montre qu’il y aurait plus à s’interroger sur la place des discours religieux dans l’espace public plutôt que de les fustiger quand ils ont lieu, en soulignant ce qui les sépare, et donc ce qui est évidemment propre à chaque religion et à ses traditions.
Anniversaire et nouvel An en Islam
Est-ce que c’est un péché de fêter les anniversaires dans l’islam ? Dans une approche intégriste (respect des écrits dans sa vie religieuse) et fondamentaliste (transposition des écrits à la vie ordinaire), la religion musulmane selon la Charia islamique ne reconnaît que deux fêtes : l’Aïd Al Fitre et l’Aïd Al Adha. L’argument à ce propos est contenu dans un hadith rapporté par l’imam Abou Dawoud. Selon celui-ci, le Compagnon Anas Ibn Malik a dit : « Quand le Prophète s’est installé à Médine, il a remarqué que ses habitants avaient deux jours de fête pendant lesquels ils jouaient et alors il a dit ’Qu’est-ce que c’est ces deux jours ?’ Ils lui ont aussitôt répondu ’Nous nous y amusions dans l’Anté-Islam’. Alors le Messager d’Allah a dit qu’ Allah leur avait changé ces deux jours par deux jours meilleurs : Le jour d’Al Adha et le jour d’Al Fitre ». L’argument du hadith pour les intégristes est le suivant : Si le Prophète avait su qu’il était licite aux musulmans d’avoir des fêtes, à part ces deux Aïds, il l’aurait sûrement indiqué à ses Compagnons.
En revanche pour les fondamentalistes, la fête de l’anniversaire est l’imitation des mécréants alors que l’imitation des mécréants est interdite. Le musulman doit se différencier des mécréants dans toute chose et l’imitation est alors vue comme un péché très grave qui pourrait même conduire son auteur à l’apostasie (Ar-ridda) si elle s’associe avec l’amour de celui qui est imité et son affection.
Mais dans les faits, en France et pour la majorité des pays du monde, les anniversaires de naissance sont bien entendu largement fêtés sauf par ceux, hommes ou femmes, pour qui la « coquetterie », pousse à cacher son âge à autrui plus qu’à le craindre en tant que créature de Dieu.
Quant au jour de l’an, pour les musulmans, le nouvel an commémore la fondation de leur religion, l’Islam. Il se situe dans le mois de Muharram qui marque la nouvelle année hégirienne, c’est à dire premier jour de l’Hégire appelé aussi Raas Assana. Cette date commémore l’épisode de l’émigration (Hégire) du prophète Muhammad et de ses compagnons de La Mecque vers Médine en l’an 622 de l’ère chrétienne. La nouvelle année du calendrier hégirien est généralement la période durant laquelle les musulmans qui disposent du montant minimal de l’épargne annuelle payent le nissab. C’est l’un des cinq piliers de l’islam. Le montant du nissab est réévalué tous les ans. En 2021, le 10 août a donc laissé place à l’année 1443. En 2022, le nouvel an musulman devrait être célébré dans la nuit du 29 au 30 juillet.
Mais là aussi, comme pour les anniversaires, dans la vie courante et dans les faits, le premier janvier, premier jour de l’année civile, du calendrier grégorien, est aussi le jour où les musulmans de France et non un seul (fusse-t-il chanteur), sans se considérer mécréants, bien au contraire, souhaitent à leurs proches et à leurs amis, le meilleur.
Illustration - crédit : lemag.cd
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