Navalny emprisonné demande à Poutine de se retirer d’Ukraine et de quitter la Crimée

Dans ce texte, Alexei Navalny appelle pour la première fois explicitement à la restitution de la Crimée annexée à l’Ukraine, et préconise le versement d’indemnités à Kiev et l’ouverture d’une enquête sur les crimes de guerre présumés commis par la Russie en Ukraine. Il préconise également une voie de développement européenne pour la Russie et l’adoption d’une nouvelle constitution qui renforcerait le rôle du parlement.
Selon Alexei Navalny, le président Poutine « a déclenché une guerre d’agression injuste contre l’Ukraine sous des prétextes ridicules » L’opposant estime que Poutine n’a pas réussi à obtenir le soutien de la majorité des citoyens russes : « Il n’y a presque pas de volontaires pour cette guerre, l’armée de Poutine compte donc sur les prisonniers et les mobilisations forcées ». Selon l’opposant emprisonné, « la Russie subit une défaite militaire ».

Revenir aux frontières de 1991et au fédéralisme démocratique

Alexei Navalny propose un retour aux frontières de 1991 entre l’Ukraine et la Russie, ce qui implique de rendre la Crimée et les autres territoires annexés à l’Ukraine. En outre, selon l’opposant au Kremlin, il est nécessaire de « rechercher, avec l’Ukraine, les États-Unis, l’Union européenne et la Grande-Bretagne, des moyens acceptables de compenser les dommages infligés à l’Ukraine ». Il suggère notamment qu’une partie des revenus tirés de l’exportation des hydrocarbures russes soit affectée à cette fin.
Par ailleurs, l’avocat emprisonné exprime son désaccord avec la caractérisation du peuple russe comme peuple impérial, persuadé que les porteurs de la conscience impériale peuvent être vaincus lors d’élections libres. Pour lui, les réformes consistent à « établir une république parlementaire fondée sur l’alternance du pouvoir par des élections équitables, des tribunaux indépendants, le fédéralisme, l’autonomie locale, une liberté économique totale et la justice sociale ». Alexei Navalny note également que la Russie « doit faire partie de l’Europe et suivre la voie européenne de développement. Nous n’avons rien d’autre, et nous n’avons besoin de rien d’autre ».

Changement de position sur la Crimée

Alexei Navalny s’est longtemps positionné comme un démocrate national, prônant notamment l’exemption de visa avec les États d’Asie centrale ou condamnant la Géorgie dans son conflit de 2008 avec la Russie. Immédiatement après l’annexion de la Crimée en 2014, l’opposant de Vladimir Poutine l’a condamnée mais a refusé d’appeler au retour de la Crimée à l’Ukraine. Dans une interview accordée en 2014 au media Échos de Moscou, Alexei Navalny a déclaré que la Crimée ne reviendrait pas à l’Ukraine dans un avenir prévisible et a fait valoir que la péninsule n’était « pas un sandwich que l’on se refile ». Le texte publié aujourd’hui signale donc un changement de sa position sur la question.
Jusqu’à l’invasion totale de l’Ukraine par la Russie, le gouvernement officiel de Kiev avait aussi déclaré qu’il se battrait pour le retour de la Crimée uniquement par des moyens diplomatiques. Depuis sa position a également changé. L’Ukraine insiste désormais sur le fait qu’à la suite de la guerre, la Russie doit se retirer de tous les territoires ukrainiens internationalement reconnus.