Liban : tensions sur les plages de Saïda après la décision du conseil municipal
Le 21 mai, suite à de violentes échauffourées entre baigneurs et groupes conservateurs islamistes, la municipalité de Saïda a décidé d’interdire les maillots de bain féminin sur ses plages publiques. Une décision sans précédent depuis la fin de l’Empire ottoman.
La semaine dernière, le conseil municipal de la ville de Saïda a pris la décision d’interdire les maillots de bain féminins sur les plages publiques. Cette décision fait suite à l’augmentation des tensions entre des groupes islamistes avec les baigneurs et des groupes féministes comme le 14 mai dernier, rapporte le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, lorsque deux dignitaires religieux sunnites « fondamentalistes », accompagnés de « partisans », ont fait irruption sur la plage publique de Saïda, sommant des couples de baigneurs « de quitter les lieux en raison de la tenue jugée indécente des femmes ». Ces ultraconservateurs expliquent alors à ces couples que « les coutumes de la ville ne permettent pas la présence de femmes dévêtues dans un endroit public », témoignera ensuite à L’Orient-Le Jour l’un des baigneurs concernés, contraint avec sa compagne, face à la pression, de quitter les lieux. L’affaire prend alors une tournure nationale, notamment après la plainte d’un autre couple qui, refusant de se conformer aux injonctions, explique avoir été agressé physiquement.
À Saïda, dimanche 21 mai, deux manifestations, pourtant interdites, ont lieu devant la plage publique. D’un côté, on trouve « des manifestantes féministes revendiquant le droit des femmes à accéder à cette plage sans restriction vestimentaire » et de l’autre, « un groupe d’islamistes hostiles à la présence de femmes en maillot de bain », raconte le journal libanais. Les uns scandant « Allah Akbar » (« Dieu est grand »), les autres « Révolte féministe contre le patriarcat ». Le face-à-face est tendu et les forces de l’ordre interviennent à la suite d’échauffourées. Les manifestants en faveur de la liberté de se vêtir à sa guise finissent par quitter les lieux Un cheikh conduit alors une prière collective devant la plage. Et c’est dans leur sens que les autorités locales ont finalement tranché : la municipalité de Saïda a ainsi interdit les boissons alcoolisées sur la plage publique et appelé les baigneurs « à se conformer à une tenue vestimentaire décente ». Des consignes que l’on peut lire sur des panneaux à l’entrée de la plage.
Une décision sans précédent depuis la fin de l’Empire ottoman
Depuis la guerre civile libanaise, les associations religieuses sunnites, les cheikhs fondamentalistes et certains partis politiques conservateurs ont gagné en influence dans cette ville du sud du Liban. En 1989, plusieurs explosions avaient visé un restaurant servant de l’alcool. Plus récemment, le cheikh salafiste Ahmad el-Assir avait choisi Saïda pour lancer son mouvement contre le Hezbollah.
Saïda vit aujourd’hui à l’image du Liban, scindée entre deux cultures, l’une laïque et l’autre religieuse. Une fracture sociale que la crise politique et économique aggrave.
La décision du conseil municipal est sans précédent depuis la fin de l’Empire ottoman.
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