«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

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  • Publié le 5 juin 2020
  • Mise à jour: 10 juin 2020

Le « Monde d’après » ne peut être bâti qu’à l’aune de la Génération et du Progrès

La question du "monde d’après" occupe sous de multiples formes la une des journaux et les esprits de nombre de nos concitoyens, essayistes, scientifiques et spécialistes de toutes disciplines. Plus discret, le président de la Fédération protestante de France, le pasteur François Clavairoly avait transmis, dès le 21 avril, un plaidoyer « en faveur d’une transformation écologique, solidaire et démocratique ». Cette semaine, ce fut au tour de Mgr Éric de Moulins-Beaufort d’adresser une longue lettre à Emmanuel Macron pour participer à la réflexion du monde de l’après Covid-19, publiée sous la forme d’un livre ayant pour titre : Le matin sème ton grain. Un plaidoyer pour un retour à la nature ? Non pas vraiment car le texte d’une soixantaine de pages, s’articule autour de quatre notions ou mots-clés  : mémoire, corps, liberté et hospitalité, quatre nécessités de l’intelligence humaine.
D’une église catholique qui au travers de Laudato si, l’encyclique écologique de 2015 du Pape François, souhaite prendre à bras le corps les problèmes de l’homme et de son environnement, on aurait attendu plus de compassion pour Dame nature et son lent et beau processus de création. Il est vrai que la Genèse ne plaide pas cette hypothèse.
Pourtant la Nature, son processus de génération ou de reproduction répond aussi à des principes d’intelligence : nécessité, équilibre, ordre : les cycles de reproduction échappent à la volonté mais n’entrainent jamais la démesure ni l’anarchie. La nouvelle génération d’une espèce, ne varie jamais beaucoup de celle qui la précède sauf accident, modification notable de son environnement : conditions climatiques favorables ou défavorables et conséquence de celles-ci, absence ou présence importante de prédateurs. Ainsi les animaux ne pullulent, et les plantes ne prolifèrent, que par l’absence d’un facteur, par un manque, par un déséquilibre essentiellement dû à une modification de leur environnement. À ce principe de la génération s’ajoute le corollaire de la régénération, le recyclage naturel. Il est simple à observer : contrairement à l’homme, la Nature ne produit aucun déchet qu’elle ne recycle pas. Tout ce qui y existe, plantes, animaux, minéraux, éléments comme l’eau, l’air, la terre et même le feu, est recyclé pour participer à sa régénération, aux besoins du processus de génération, et aux générations à venir.

Si l’on tombe d’accord sur ce constat d’une Nature soumise aux moins à ces trois principes, nécessité, équilibre et ordre, et que nous considérons que cette Nature reste l’environnement de l’homme, qu’il en fasse partie intégrante, alors nous pouvons nous mettre à essayer de penser un nouvel horizon au « monde d’après ». Mais alors il ne s’agirait pas simplement de développer un point de vue humain sur l’avenir de l’homme mais aussi de l’envisager depuis la nature et regarder l’homme et son avenir depuis les prés, les arbres, les oiseaux, les fleurs, la mer et même, car c’est urgent, depuis le fond des mers où les poissons se font de plus en rares et le plastique omniprésent.
Dans l’idée de nature, le lendemain ne met pas en péril hier et aujourd’hui. Personne ne se pose plus la question : le soleil se lèvera-t-il demain ? L’homme n’a plus de doute sur la nature. Il se l’est presque totalement appropriée en usant de toutes ses ressources et s’en est totalement émancipé en la dominant jusque dans ses principes les plus cachés par l’entremise des sciences physiques et surtout de la génétique. Désormais l’homme modifie lui-même ce qu’il est, échappant ainsi au principe même de l’évolution darwiniste : la sélection par l’environnement. Donc au final quoi de plus normal qu’il s’exonère de toute préoccupation de celui-ci, puisque l’environnement c’est lui. Le phénomène du « retour des religions » portés par des hommes créatures de Dieu, trouve peut-être ici une de ses explications.

L’homme tenant cette position, on ne peut donc plus imaginer avoir la seule Nature comme socle ou référence pour penser ce nouvel horizon. Aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire, c’est à la planète qui répond à quelque chose de plus complexe et paradoxalement de moins global qu’il faut s’adresser. Quelque chose que l’on pense aujourd’hui en différents paradigmes ou mondes : la ville, l’économie, la science, la santé, l’agriculture, le tourisme, l’environnement et même la religion. Quelque chose qui à l’évidence peine à s’harmoniser sauf dans l’idée d’une vaste compétition. Pour ré-envisager une cohérence au monde et non sa globalisation dans cette vaste compétition, il nous faudrait donc faire une rupture avec nous-même, avec nos habitudes, nos modes de pensée, l’intelligence économique, financière, artificielle, dénuée de toute compassion. L’épisode de la pandémie, même si on ne sait pas aujourd’hui s’il est d’origine naturelle ou artificielle, montre que cela est possible car il a fait ressurgir la notion de génération, dans la prise en compte sanitaire des plus jeunes écoliers aux personnes les plus âgées. Mais il reste encore à réensemencer ses 3 principes attachés.

Car penser cette renaissance tant espérée, des lendemains qui chantent, c’est forcément penser aux générations futures, c’est envisager le Progrès que symbolise la génération et non la croissance. C’est sortir de l’erreur qui consiste à associer le « mieux » au « plus ». Le plus rapide, le plus rentable, le plus nombreux, le plus économique, tue le plus beau, le plus aimable, le plus équitable, le plus profitable, le mieux-vivre.
Si nous réfléchissons ainsi, à l’aune de la génération, nous défendons alors une vision définitivement optimiste de l’Humanité, qui va toujours en s’améliorant, l’Humanité étant définie comme l’ensemble des êtres passés, présents et à venir qui ont contribué à son progrès.
Mais pour cela chacun doit œuvrer dans cet unique but, en mettant son égoïsme de côté et ses intérêts au service de la collectivité : c’est une morale qui est destinée à développer les penchants altruistes des hommes et à les faire prévaloir sur nos tendances égoïstes. Elle s’inspire de l’une des devises du positivisme qui est : « vivre pour autrui ». Auguste Comte invente d’ailleurs le terme « altruisme », en 1854, dans le Catéchisme positiviste.

Dans la génération, se trouve aussi l’idée de « continuité » qui est également importante et si rassurante quand il s’agit de penser la croissance. Mais ici elle se manifeste aussi dans la volonté de ne pas laisser ses aïeux finir seuls dans des Ehpad et de rendre hommage à ceux qui nous ont précédé tout en pensant aux générations à venir. Cette volonté de comprendre d’où nous venons, de ne pas croire pouvoir toujours tout (re)construire à partir de zéro et considérer les autres comme partie nulle, cela aussi s’appelle aussi le Progrès. Il n’est jamais pour aujourd’hui, mais toujours futur : y croire sera toujours le meilleur moyen d’y prendre part.

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