«On ne fait pas d’élection avec des prières »Proverbe québécois

 

Cet article est en consultation libre

  • Publié le 17 octobre 2019
  • Mise à jour: 23 octobre 2019

Port du voile, de la connaissance à l’ignorance

En 2016, au moment où le Premier ministre Manuel Valls avait affirmé sa volonté d’interdire le voile dans l’espace public (et que François Hollande lui avait rétorqué qu’il n’en était pas question), nous avions publié avec Antoine Sfeir, un article sur le voile féminin, montrant qu’il est bien antérieur au Coran : on trouve trace de cette pratique païenne, avec divers degrés d’obligation, depuis l’Antiquité jusqu’aux juifs ou aux chrétiens.

Avec cet article sur le voile, nous voulions suggérer aux dirigeants politiques de l’époque de (re)lire le Coran car dans le Codex il n’y a qu’un verset qui y fasse allusion. Sourate XXXIII - verset 59, il est écrit : « Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir jusqu’en bas ; c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées. » [1]. Mais nulle part, dans le Coran il n’est question de la tête de la femme ni mention du mot « cheveux » (sha’ar).

Cette invitation leur est à nouveau cordialement envoyée aujourd’hui ainsi qu’aux responsables musulmans et à tous les commentateurs. Plus qu’une invitation, il s’agit d’une sérieuse mise en garde à ne pas faire émerger du débat sur ce déplorable épisode du Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté, l’idée, chère aux islamistes, d’une règle religieuse intangible et légitimée du port du voile.

Ah non ! Et surtout pas au nom ou en vertu de la laïcité dont il faut ici impérativement rappeler les trois principes et valeurs : (1) la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l’ordre public, (2) la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, (3) l’égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions.
Les limites de l’ordre public sont-elles franchies ? Oui quelque peu si l’en croit les échauffourées qui alimentent les médias et les réseaux sociaux depuis l’incident de l’affiche FCPE et de la réunion plénière à Dijon. La séparation des institutions publiques et religieuses est elle respectée ? Oui sans aucun doute, les recommandations, même contradictoires, du président Macron sur la vigilance quant aux signes de radicalisation religieuse et le risque d’amalgame et de guerre civile, prouvent que l’État est à distance des organisations religieuses. L’égalité de tous devant la loi est-elle respectée ? Encore une fois oui : les recommandations du Président Macron s’adressent à tous les français et Fatima E.. et le CCIF (Comité contre l’islamophobie en France) ont déposé ce jour une plainte auprès du parquet de Dijon pour des violences à caractère raciale commises en réunion sur mineur et majeur par personnes dépositaires de l’autorité publique, envisageant dans un second temps, de déposer une autre plainte avec constitution de partie civile devant le Doyen des juges d’instruction de Paris pour la provocation publique à la haine raciale par des élus.

Nous arrivons ainsi à une situation où, dans le débat sur le foulard qui dure depuis trente ans, l’application de la loi de 1905 donne peu à peu une légitimité théologique et religieuse, de surcroit infondée, au voile islamique. Et si les décisions produites par l’application de la loi ne sont pas contraires à ses propres dispositions, elles ne vont pas de soi pour une majorité de français pour qui le port du voile ne correspond pas aux valeurs de liberté et d’égalité de la société française. Dans un sondage Ifop réalisé fin septembre après l’épisode de l’affiche FCPE, ils sont en effet 66% à soutenir l’idée d’interdire le port de signes religieux ostensibles aux accompagnateurs de sorties scolaires.
Le voile islamique vient à son tour solliciter une société française déjà passablement en ébullition en reposant la question philosophique classique : la loi est-elle toujours juste ? Il revient évidemment à ce gouvernement et aux parlementaires d’y apporter rapidement une réponse et de dissiper ce malentendu avec les Français.

[1Sourate XXXIII, 59 - Source : Le Coran, traduction de Denise Masson, Gallimard, Nrf, La Pléiade, 1967.

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