Des Tatars solidaires des Ukrainiens
En Russie, les Tatars, de confession musulmane, serait l’une des communautés ethniques les plus impactés par l’invasion de l’Ukraine. Ainsi, le Tatarstan se placerait juste après le Daghestan au niveau des pertes humaines, même si en Russie les chiffres réels ne sont pas publiés. Les autorités de Kazan soutiennent la guerre de Poutine, mais la population du Tatarstan qui avait obtenu de Boris Eltsine en 1994 la possibilité de faire valoir un statut d’objecteur de conscience est évidemment nettement moins favorable à participer à un conflit qui envoie de nombreux jeunes sur le front et fait de nombreuses victimes dans leurs rangs.
Comme elle ne peut se manifester ouvertement en raison de la forte répression qui sévit dans le pays, ce sont des Tatars « exilés », notamment les représentants du mouvement indépendantiste « Idel-Ural » dont beaucoup vivent aujourd’hui en Pologne, qui portent la contestation. Dans ce pays frontalier de l’Ukraine, viscéralement anti-russe, ils organisent de grandes manifestations contre l’invasion russe avec à leur tête, Nafis Kašanov, qui avec son frère Rafis fait l’objet d’un mandat d’arrêt en Russie pour « extrémisme ». En 2015, les deux frères ont été parmi les premiers condamnés pour « atteinte à l’intégrité territoriale de la Russie » après avoir condamné l’annexion de la Crimée. Après avoir fait trois ans de camps de concentration, Les deux frères ont quitté la Russie. Rafis s’est réfugié en Grande-Bretagne et Nafis en Pologne où ils continuer d’animer la protestation des Tatars.
Lutte pour l’indépendance des peuples ex-soviétiques
À Varsovie, Nafis a récemment déclaré que « les bandits de Poutine finiront devant un tribunal international... nous, les Tatars, sommes avec vous, Ukrainiens ! Votre victoire sera la libération de la Russie du fascisme de ce régime ». Les deux frères Kašanov dénoncent la servilité du président Rustam Minnikhanov qui avec son prédécesseur Mintimer Shaïmiev « nage dans les millions reçus par Poutine... au début ils nous ont soutenus, puis ils les ont convaincus avec l’argent de nous tuer ». Selon les opposants tatars, le régime de Poutine est destiné à s’effondrer après cette guerre, et donc « non seulement les Tatars, mais tous les peuples de la moyenne Volga, de la Sibérie, du Caucase, même les Finno-ougriens réclameront leur liberté ».
L’un des peuples qui a toujours cherché, comme eux, à s’autonomiser de la Russie, indiquent les Tatars, est constitué par les Tchétchènes, aujourd’hui également fortement impliqués dans les opérations militaires. Comme le rappelle Nafis, « tous les vrais leaders de la Tchétchénie ont été tués : Maskhadov, Dudaev, Kadyrov père, qui était un digne leader de son peuple, alors que son fils Ramzan aujourd’hui au pouvoir est un traître à la Tchétchénie, un serviteur de Poutine qui va finir sa vie ».
L’aspiration à l’indépendance des différents groupes ethniques est un facteur important du déclenchement du conflit en Ukraine. Elle se constitue en exemple et comme un stimulant pour les peuples ex-soviétiques depuis le soulèvement de 2014 à Kiev sur la place Maïdan. La Russie ne l’a jamais entendu de cette oreille. Au contraire, depuis Ivan le Terrible et la prise de Kazan, usant des armes ou des campagnes culturelles, elle a cherché à étouffer toute revendication ethnique sur son territoire afin que les « traditions et valeurs » des Russes, soient intégrées à celles des peuples assujettis. Les frères Kašanov revendiquent dans leurs discours d’ « utiliser nos langues maternelles, nos coutumes et notre culture... » en promettant « nous ne serons plus mis en prison pour nos croyances religieuses, pour l’islam ou le chamanisme » qui selon eux, « dans l’idéologie de la Grande Russie ne sont acceptées que dans une version édulcorée et soumise ».
Solidaires !
L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, en 2024, il faut continuer d’agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de "l’opération spéciale" russe.
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