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  • Publié le 4 mai 2021
  • Mise à jour: 7 mai 2021

Belgique : Le Centre d’Action Laïque publie les résultats d’une enquête sur les difficultés d’aborder certains sujets à l’école

La censure et l’autocensure dans le corps enseignant n’est pas qu’un phénomène français cruellement révélé par l’assassinat de Samuel Paty. En Belgique, le constat est le même. À travers 40 questions, le Centre d’Action Laïque de Belgique a mené une enquête sérieuse et intéressante auprès des acteurs et actrices de terrain (Wallonie) sur les difficultés rencontrées dans l’enseignement obligatoire. Son étude dresse un constat alarmant mais propose des pistes de solution basées sur ces faits.

73 % des enseignants ont modifié leur cours et 40 % s’autocensurent

Hormis quelques cas bien particuliers, l’enquête ne révèle pas une situation hors de contrôle. Cependant elle constate l’évolution d’un contexte et d’une ambiance générale en milieu scolaire qui contraint, comme dans l’école publique française, les enseignants à adapter leur discours et leur manière de faire cours. Pour plus de 60% d’entre eux, les rejets et remises en question de sujets entrant en confrontation avec les croyances ou les préjugés des élèves ont augmenté. Ces contestations émanent autant des élèves (75% des cas) que de leurs parents (50% des cas). Cette augmentation a pour effet de modifier le comportement de 73% des répondants qui d’une manière générale abordent positivement la controverse considérant qu’elle les oblige à s’informer eux-même davantage sur le sujet de manière à l’aborder moins frontalement et à se montrer le plus neutre possible. Toutefois, 44% d’entre-eux ont souvent ou parfois songé à s’autocensurer et 40% d’entre eux ont parfois ou souvent renoncé ou limité le champ de réflexion d’un sujet pour éviter toute complication par la suite.

Les sujets de la controverse

Quatre types de sujets soumis à contestation étaient proposés au répondant. L’enquête montre que les avancées éthiques et les pratiques démocratiques sont plus spécifiquement à l’origine de rejet et/ou de remises en question. Dans les commentaires, des sujets plus spécifiques comme l’avortement, l’évolutionnisme, l’homosexualité et la légitimité de la femme comme figure d’autorité semblent être particulièrement remis en question dans les classes en Belgique.

Question : Selon votre expérience et vos matières, quels sujets plus spécifiques sont à l’origine de rejet et/ou de remise en question en classe ? (plusieurs réponses possible) – Source : Étude CAL - mai 2021

Mais comme évoqué plus haut, les formes de contestation ne donnent pas souvent lieu à de graves incidents mais plus généralement à de la méfiance (42%), de la contestation verbale (55%), de la moquerie (37%) ou du rejet (20%) peu argumenté, instaurant ainsi à un climat général de méfiance envers le savoir. Ainsi les discours religieux semblent avoir un impact : toujours (10%), souvent (33% ou parfois (22%) dans la contestation des matières scientifiques et des faits abordés en classe. La défense de la domination masculine : toujours (6%), souvent (18%) ou parfois (35%). Dans les mêmes proportions, le racisme et sexisme systémiques sont toujours, parfois ou souvent à l’origine de ces rejets.
Mais ce que l’étude relève comme fait le plus alarmant c’est que dans 51% des cas signalés, ces rejets/remises en question se font dans la cour de récréation sans aucune possibilité de contre-discours rationnel, et dans 40% des cas cela passe par les réseaux sociaux. Ainsi, notent les rapporteurs, hors de la classe, dans 44% des cas, les intimidations et les pressions deviennent l’expression de ces rejets.

Lire l’étude complète

Coordonnées et méthode de l’étude : Enquête du Centre d’Action Laïque - Éditeur responsable : Benoît Van Der Meerschen. Méthode (proposée à l’évaluation du département des sciences sociales de l’ULB) : le questionnaire proposé par le CAL de Belgique comprenait 40 questions divisées en trois grandes parties : la situation du répondant, les constats, les pratiques d’enseignement/recommandations. Il a été accessible en ligne durant 3 mois (novembre 2020-janvier 2021) et a reçu plus de 300 réponses dont 90 % émanaient d’enseignants expérimentés en classe primaire ou secondaire ordinaire du réseau WBE (Wallonie) et enseignant le français, l’histoire, la philosophie et la citoyenneté, la morale, ou encore une religion.

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