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- Publié le 7 juillet 2021
- Mise à jour: 9 juillet 2021
Les jeunes professeurs ont une conception moins offensive de la laïcité que leurs aînés
Laïcité à l’école : une étude de la Fondation Jean Jaurès pointe un clivage générationnel entre les jeunes professeurs, favorables à une conception d’une laïcité plus ouverte au port du voile et au burkini, et leurs aînés.
Un corps enseignant ferme sur la laïcité mais les plus jeunes moins que leurs aînés
Sur l’épineuse question du port des tenues religieuses par les accompagnateurs bénévoles, la ligne un temps défendue par Jean-Michel Blanquer - initialement favorable à un projet d’interdiction en février 2019[1] - semble loin d’être isolée au regard de la forte proportion d’enseignants (64%) opposés « au port de signes religieux ostensibles par les parents d’élèves accompagnant bénévolement les enfants lors d’une sortie scolaire ». Le corps enseignant dans son ensemble affiche aussi une nette hostilité au port de signes religieux - pourtant actuellement autorisé - par d’autres « usagers » du service public comme « les étudiant(e)s dans les salles de cours des universités » (à 67%) ou les personnes fréquentant des « services publics » telles que les mairies ou les préfectures (à 65%).
Ces chiffres d’ensemble masquent toutefois un point important : le corps enseignant apparaît dans cette enquête systématiquement plus favorable que le reste des Français au port de signes religieux, notamment en raison de la position des « jeunes profs » (les enseignants de moins de 30 ans) qui s’avèrent très imprégnés du relativisme culturel de leur génération sur ces questions.
L’adhésion au port de signes religieux ostensibles
Pour la première fois, une étude a le mérite de mettre en lumière un clivage générationnel très net au sein du corps enseignant sur la question des tenues religieuses des usagers des services publics en général et de ceux du service de l’enseignement en particulier.
Le port de signes religieux par les parents accompagnateurs est ainsi soutenu par une majorité des jeunes professeurs (56%), contre à peine un tiers des enseignants de plus de trente ans (36%) et seulement un Français sur quatre (26%). Et ce hiatus entre jeunes et moins jeunes se retrouve sur la question du port du voile par les étudiant(e)s - soutenu par 57% des « jeunes profs » contre 36% chez l’ensemble des professeurs - ou par les usagers fréquentant des services publics telles que les mairies ou les préfectures (soutenu à 55% par les « jeunes profs »).
Signe que les principes de neutralité religieuse fixés à la fonction publique depuis 1905 ne semblent pas être un marqueur essentiel, près de quatre jeunes enseignants sur dix (38%) se disent aussi favorables au port de signes religieux par des agents de l’Etat comme des policier(e)s ou des enseignant(e)s, soit une proportion deux fois plus élevée que chez l’ensemble des Français (21%). S’agit-il ici d’un manque de formation sur les principes qui régissent le statut de fonctionnaire ou bien une prise déposition en connaissance de cause qui renvoie à une pénétration importante dans notre société comme dans la jeune génération ?
Enfin, la plus grande acceptation par les jeunes professeurs des manifestations de religiosité dans l’espace public transparaît aussi dans leurs positions sur la mixité sexuelle dans les piscines publiques, question loin d’être anecdotique si l’on en juge la proportion d’enseignants (45 %) ayant déjà vu des jeunes filles « sécher » des cours de natation au nom de leurs convictions religieuses (Ifop/FJJ 2020). Car si le corps enseignant dans son ensemble reste aussi hostile que la moyenne des Français a une autorisation des horaires réservées aux femmes (à 80%) ou au port du burkini dans les piscines publiques (à 74%), ce n’est pas le cas des jeunes enseignants : la majorité des professeurs de moins de trente ans se disant favorables au port du burkini - a 51%, soit deux fois plus que l’ensemble des Français (24%) - et a des horaires réservées aux femmes (à 59 % contre 24 % en moyenne chez les Français).
Les enseignants moins offensifs sur la laïcité que le reste des français
Les résultats de l’étude révèlent un corps enseignant qui est aujourd’hui loin d’afficher une conception « offensive » de laïcité qui viserait notamment à réduire l’influence des dogmes religieux sur la société. Au contraire, le corps enseignant apparaît aujourd’hui imprégné d’une vision très « juridique » de la laïcité traduisant une lecture littérale de la laïcité fixée par la loi de 1905. En effet, pour les enseignants interrogés, la laïcité constitue avant tout un cadre juridique destiné à assurer liberté de conscience individuelle (37%) et, dans une moindre mesure, la neutralité de l’État (27%) et l’absence de discriminations entre les religions (18%). Les enseignants se distinguent ainsi par une vision plus ou moins « minimaliste » de la laïcité qui l’associe avant tout à un traitement égal de toutes les religions, et ceci dans des proportions largement supérieures (37%) à la moyenne des Français (23%).
En effet, contrairement à l’ensemble des Français, les enseignants sont peu nombreux à voir dans la laïcité une forme de « combat culturel » (Kulturkampf) qui consisterait à chercher à réduire l’influence des préceptes et dogmes religieux dans la société. Ainsi, à peine 16% des enseignants partagent l’idée selon laquelle la laïcité consisterait à « faire reculer l’influence des religions dans la société », soit presque deux fois moins que chez l’ensemble des Français (26%). Et dans le détail, la tendance à réduire la laïcité à un cadre juridique garantissant la liberté de conscience s’avère très corrélée à l’âge, l’affiliation religieuse et la proximité politique des répondants : les enseignants de moins de 30 ans (32%, contre 9% des plus de 50 ans), proches de la France Insoumise (26%) ou membres de religions minoritaires (32%) étant de loin les plus nombreux à considérer que la laïcité consiste avant tout à mettre sur un pied d’égalité toutes les religions.
La loi 2004 toujours soutenue par les enseignants
Malgré les accusations de « musulmanophobie » portées depuis une quinzaine d’années envers les lois associées (2004) ou apparentées (2010) à la laïcité, le soutien du corps enseignant à ces dispositifs législatifs est quasi-unanime. La loi de 2004 interdisant le port de signes religieux dans les établissements publics suscite ainsi un consensus plus large dans le corps enseignant (92%) que chez l’ensemble des Français (85%). Si ce soutien est, en effet, affirmé et massif, il est néanmoins notable que les jeunes enseignants sont ceux qui sont le moins favorables à cette loi (86%), même si leur adhésion reste massive. En revanche, ils sont 26% à être opposés à la loi de 2010 quand ils ne sont que 6% au-delà de trente ans. Nous retrouvons ici, même si cela reste mesuré, cette particularité des enseignants de moins de trente ans.
La loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat (à 96%) et celle de 2010 sur la burqa (à 92%) sont aussi massivement soutenues, tout comme des propositions issues de la droite comme l’idée d’instaurer des cours sur les valeurs de la République (à 79%) ou d’introduire une épreuve de laïcité dans le concours d’enseignant (à 75%).
Ce soutien croissant à la loi de 2004 va de pair avec une vision plus politisée des revendications religieuses exprimées dans une enceinte scolaire. Ainsi, les demandes de viande halal/casher dans les cantines scolaires sont désormais interprétées comme une remise en cause de la laïcité par une majorité d’enseignants du secondaire public (à 65%) alors qu’ils n’étaient qu’un sur trois à le percevoir de la sorte il y a dix-sept ans (35% en janvier 2004).
L’adhésion aux grandes lois actuelles en matière de laïcité
De même, la remise en cause de la mixité fille-garçons dans les cours est interprétée comme une entorse à la laïcité par une proportion plus forte (79%) qu’en 2004 (68%). Pour le reste, on relève un certain consensus dans le corps enseignant pour considérer comme une entorse à la laïcité la remise en cause du contenu d’un enseignement (85%) ou le refus de suivre un cours de sciences naturelles (85%).
L’étude note enfin que l’absentéisme les jours de fêtes religieuses est aussi perçu comme une atteinte à la laïcité par une majorité de professeurs (57%), signe qu’ils méconnaissent la loi en la matière ou qu’ils trouvent que cette tolérance ne respecte pas leur vision de la laïcité.
Les débats risquent d’être animés lors des formations que le ministre Jean-Michel Blanquer s’apprête à lancer à la rentrée 2021.
À propos de l’étude : Etude Ifop pour la fondation Jean Jaurès réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 10 au 17 décembre 2020 auprès d’un échantillon de 801 personnes, représentatif des enseignants des 1er et 2e degrés en France métropolitaine.
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L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, en 2024, il faut continuer d’agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de "l’opération spéciale" russe.
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