Mgr Luc Ravel archevêque de Strasbourg démissionne officiellement avec l’aval du Pape et du Président de la République

Samedi 27 mai, la Nonciature Apostolique en France et le Gouvernement français ont annoncé que le pape François avait accepté la démission de la charge pastorale de l’archidiocèse de Strasbourg, diocèse concordataire, présentée par Monseigneur Luc Ravel. L’information a été communiquée par la Conférence des évêques de France.
Très critiqué sur sa gouvernance, l’archevêque ne plaisait pas à tout le monde. Une pétition en ligne réclamait même sa démission. Elle aurait récolté plus de 1 100 signatures. « Vif, direct, parfois maladroit, [il] s’est forgé de solides inimitiés dans le diocèse alsacien », rapportent nos confrères des DNA dans leur édition du 23 avril 2023, peu après la démission de Mgr Luc Ravel du 20 avril.
Mais certains s’interrogent : Mgr Luc Ravel ne paye-t-il pas son combat contre les abus dans l’Église ? Dans le communiqué annonçant sa démission, Mgr Luc Ravel avait écrit : « J’ai toujours agi au plus près du droit et de ma conscience, en ayant beaucoup consulté à chaque décision, pour prendre des mesures difficiles, mais qu’on m’aurait reproché ultérieurement de ne pas avoir prises, au vu des éléments en ma possession ». Un combat qu’il aurait lancé lancé avant même la publication du rapport de la commission Sauvé en 2021 et dont les DNA donnent certains éléments : lancement en 2019 d’une commission « Mieux vaut tard », prévoyant des binômes obligatoires pour les activités avec des mineurs, la formation des prêtres et la mise en place d’une convention avec la justice et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Mais certains dénoncent une « posture » du prélat. « Une grande part du clergé alsacien jugeait sa posture opportuniste, rappelant que quand il était évêque aux armées, il avait accueilli un prêtre condamné pour des agressions sexuelles répétées sur un mineur fragile », rapportent encore les DNA. Les raisons précises du départ de Mgr Ravel restent donc floues.
En attendant, le Saint-Père a nommé Administrateur Apostolique de Strasbourg, Monseigneur Philippe Ballot, archevêque-évêque de Metz. Le siège épiscopal est en attente de la nomination du prochain archevêque.

La nomination des évêques de Strasbourg et de Metz

Pour mémoire, le Concordat institué en 1801 entre la France du consul Bonaparte et le Pape Pie VII établit le contrôle des représentants de l’Eglise par les dirigeants de l’Etat. Souvent critiqué comme un accord ayant le statut de « compromis », ce contrôle disparaît lors de la séparation de l’État et de l’Eglise en 1905. Seule l’Alsace-Moselle, alors intégrée depuis la guerre de 1870 à l’Empire allemand, État Protestant où le prince est le chef des croyants, échappe ces dispositions. Réannexés à la France après la victoire de 1918, les diocèses de Strasbourg et de Metz restent cependant, conformément au Concordat maintenu durant cette période, sous le contrôle de la République français.
C’est pourquoi, de nos jours encore, le président de la République française participe à la nomination ou à la démission de l’archevêque de Strasbourg et de l’évêque de Metz. Ainsi la démission de Mgr Ravel donnée au vatican le 20 avril est devenue officielle « Par décret du président de la République en date du 24 mai 2023, est agréée la démission présentée par Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg ».
Emmanuel Macron comme ses prédécesseurs, est le seul chef d’Etat au monde à jouir encore de ce « contrôle ». Néanmoins, pour les nominations, c’est Rome qui choisi l’élu parmi trois candidats, le président français ne fait qu’officialiser l’investiture du clerc avec le concours du ministère de l’Intérieur dont le service des cultes dépend. Le ministère de l’Intérieur possède d’ailleurs un bureau pour les trois départements (Moselle, Haut-Rhin et Bas-Rhin) basé à Strasbourg.