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  • Publié le 23 janvier 2020
  • Mise à jour: 8 novembre 2025

Audition du Général Georgelin au Sénat pour la restauration de Notre-Dame : « L’émotion suscitée par l’incendie nous oblige »

Le général Georgelin, désormais président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris était auditionné mercredi 22 janvier par la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, présidée par Catherine Morin-Desailly, sénatrice Union Centriste de Normandie. Accompagné de Philippe Jost, directeur général délégué de l’Établissement public, il a répondu avec le style direct qu’on lui connait aux nombreuses interrogations des sénateurs sur ce chantier dont il assure fermement vouloir tenir le délai de 5 ans sans pour autant en « bâcler » la réalisation. « L’émotion suscitée par l’incendie nous oblige » a-t-il déclaré devant les sénateurs. Mais à quoi ? C’est ce qu’ils lui ont demandé.

Depuis le premier décembre dernier, l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris a officiellement la maitrise d’Ouvrage du chantier de Notre-Dame. A sa tête, le général Georgelin qui assume les qualités d’homme « autoritaire et catholique » pour lesquelles il a été choisi par Emmanuel Macron a déclaré d’emblée aux sénateurs de la commission que son rôle est avant tout celui « de fédérer les énergies pour rendre au Français et au culte catholique la cathédrale pour le mois d’avril 2024 ». Sur ce délai de cinq ans fixé par le président de la république, le président de l’établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame a répété que l’objectif d’un temps imparti était nécessaire, expliquant que « la restauration en 5 ans était avant tout un objectif de mobilisation ».
Des visites de certains des grands chantiers d’Ile-de-France, comme Eole, il dit avoir acquis de ses interlocuteurs la certitude que « c’est un objectif possible, si on se disperse pas ». « Mon rôle est de détecter et d’éliminer toutes les causes de retard, les délais et les querelles inutiles » a-t-il ajouté, « et nous devons nous donner les moyens sans bâcler le travail, de rouvrir la cathédrale en 5 ans ». Mais cela ne veut pas dire que tout sera terminé a-t-il prévenu en évoquant une cathédrale « en chantier depuis 1163 » et actuellement toujours sous le coup d’un arrêté de péril pris au lendemain de l’incendie par la Préfecture de Police de Paris.

La cathédrale n’est pas encore sauvée

Dans son intervention d’introduction, le général Georgelin a confirmé qu’il est encore trop tôt pour dire que la cathédrale est sauvée : « On est confiant » assure-t-il, mais avant que l’arrêté de péril de la cathédrale soit levé et que l’on puisse établir le diagnostic définitif de sa restauration il reste, précise-t-il quelques « étapes périlleuses » à passer : démontage de l’ancien échafaudage de la flèche, mise en sécurité de la voûte percée en deux endroits.

Le début du démontage de l’échafaudage devrait démarrer mi-février et prendre au moins 4 mois aux équipes de cordistes. L’opération est périlleuse car elle se déroulera en majeure partie à une hauteur de 40 mètres et consiste à stabiliser en le ceinturant l’échafaudage de 40 000 pièces tordus et fondues pesant 200 tonnes, avant de le découper et le déposer. Parallèlement, la pose d’un plancher au niveau de la nef sera nécessaire pour finir de déblayer les gravois de l’incendie qui encombrent la voûte et pour vérifier l’état des mortiers de jointure des pierres. S’ensuivra alors la phase du diagnostic complet qui sera présenté en 2020 à la Commission Nationale du Patrimoine et de l’Architecture, accompagné du meilleur parti de restauration : choix architectural, technique et artistique sur les éléments clefs du projet, la flèche la charpente, le toit.

Flèche, charpente, plomb et délais

Mise en sécurité de l’édifice, reconstruction de la flèche, choix des matériaux de la charpente et du toit, traitement du plomb et restitution du parvis, aménagement des abords de la cathédrale tous ces paramètres qui s’articulent, forment l’équation du délai de restauration de 5 ans. S’adressant au Général Georgelin, Jean Pierre Leleux, sénateur LR des Alpes maritimes et membre de la Commission nationale du Patrimoine et de l’architecture a plaidé la restauration de Notre-Dame car « la restauration consiste, suite à un accident, en une remise en état quand on le connait », assénant « Ce qui est le cas ici, pour Notre-Dame ». Jugeant que l’état de dégradation de l’édifice invite à faire un geste architectural pour marquer l’histoire, il décline deux options : Rendre à la cathédrale sa silhouette (ce serait celle du Sénat) ou restaurer totalement la silhouette et les matériaux (charpente bois et toit en plomb). Selon lui, si cette dernière option était rapidement retenue, elle pourrait permettre de tenir le délai de 5 ans. Selon certaines indiscrétions des diners en ville dont il fait ici l’écho, ce serait également la position du général Georgelin. En tous cas, ce dernier ne pas l’a démenti.
D’autres membres, telle Françoise Laborde sénatrice de Haute-Garonne, écartant l’hypothèse que « Notre-Dame puisse à nouveau brûler demain », ont renchéri sur l’utilisation du plomb pour le nouveau toit de Notre-Dame à l’instar d’autres monuments de Paris comme le Panthéon. « La reconstruction du toit en plomb est un sujet » a admis le général. « Nous le traiterons, mais en ne s’opposant pas au code du Travail ». Car a-t-il rappelé, « le plomb est un des problèmes du fonctionnement quotidien du chantier ». Chaque semaine des mesures surfaciques et atmosphériques sont effectuées par la Préfecture de Police de Paris et l’ARS : « Si à ce jour la cathédrale n’est plus émettrice de plomb à l’extérieur » assure-t-il, « sur le parvis, son taux très élevé et difficile à faire baisser empêche sa restitution partielle au diocèse affectataire qui veut y installer un lieu de prière tout comme les commerçants du quartier attendent sa réouverture pour retrouver un flux de touristes ».
Pour démontrer sa sensibilité aux attentes du public et pour répondre aux sénateurs sur le processus de décision au sein de l’établissement public, le général Georgelin, rassure : « Nous avons beaucoup consulté sur le sujet de la flèche et une consultation publique va être mise en place. Il faut que la décision soit rapide afin qu’elle ne ralentisse pas le chantier ». Il en sera de même pour le choix des matériaux de la charpente.
Selon le général Georgelin, la passation des premiers marchés de restauration aura lieu courant 2021. D’ici là il dit faire confiance à la « task force » qui rassemble l’architecte en chef des monuments historiques et ses équipes de maitrise d’oeuvre, les entreprises (elles sont aujourd’hui 40 sur le chantier), les experts et les spécialistes du Ministère de la Culture. « Vous comprenez » insiste-t-il «  l’établissement public, comme je l’ai déjà dit, est une Task Force dont j’ai l’unité de commandement ».

5 millions de budget de fonctionnement

Une déclaration qui n’est pas pour rassurer les sénateurs de la commission. Toujours passablement marqués par l’admonestation publique du général à l’encontre de l’architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve, ils ont souhaité avoir des éclaircissement sur l’organisation et le fonctionnement de cette « Task-force » et les liens de son président avec les différentes parties prenantes et notamment l’architecte en chef des monuments historiques. Le général Georgelin, éludant toute difficulté relationnelle avec Philippe Villeneuve et plaidant une estime réciproque, s’est défendu de toute dérive autocratique ou autoritaire. Il a rappelé que l’établissement public est sous la tutelle du Ministère de la culture et qu’à ce titre, répondant à Nicole Duranton, sénatrice de l’Eure qui l’interrogeait sur ses prétentions salariales qui ont fait polémique dans la presse, il a déclaré qu’elles sont infondées, sa rémunération qu’il a dit ne pas connaître étant fixée par la loi et déterminée par une procédure tout à fait officielle.
Il s’est ensuite attaché à dissiper les inquiétudes des sénateurs sur l’établissement public occupant actuellement 16 salariés recrutés avec le Ministère de la Culture, et salué à sa tête la présence d’Anne Mény-Horn, Secrétaire Générale de l’établissement, Stéphane Tissier directeur de la maitrise d’ouvrage, Jérémie Patrier-Leitus, chargé de la communication, trois anciens hauts cadres du ministère de la Culture « très précieux pour le bon fonctionnement de l’établissement ». Quant à ses liens avec le ministère de la culture, le Général Georgelin a rappelé que la Secrétaire Générale du Ministère de la Culture et le Directeur Général du Patrimoine siègent au Conseil d’administration de l’établissement public qui dispose aussi d’un conseil scientifique de 21 membres.
À terme, son effectif devrait atteindre à terme 40 personnes « pour un budget de fonctionnement annuel, en régime établi, de 5 millions d’euros » a précisé Philippe Jost aux sénateurs qui s’interrogeait sur le coût de fonctionnement de l’établissement public. « Cela est largement moins que le coût d’une maitrise d’ouvrage classique (…), en général les fondations réservent à ce poste 8 à 10 % du montant des donations » a-t-il ajouté. Quant aux compétences recrutées, elle ne doubleront pas celles du Ministère de la Culture, assure-t-il.

180 millions encaissés sur les 900 promis

Si le montant des promesses de dons est conséquent (922 millions), certains sénateurs, dont David Assouline, sénateur PS de Paris et Laurent Lafon sénateur du Val-de-Marne, ont souhaité savoir si la souscription annoncée se situe au dessus ou au dessous des besoins de financement de la restauration de la cathédrale et si elle permettra de financer les abords. À ce jour sur les «  neuf cents millions et quelques... » promis par environ 335 000 donateurs, 180 millions avaient été encaissés a indiqué le Général Georgelin, assurant « ne pas être trop inquiet sur l’encaissement des dons promis » en très grande partie par des entreprises (Total à signé une convention de 100 millions avec la Fondation du Patrimoine) et des grandes fortunes (les familles Arnault et Pineau ont promis chacune 100 millions d’euros dès le 15 avril), ajoutant qu’ « un comité des donateurs » sera mise en place pour rendre compte de ce qui est fait de l’argent donné. En revanche, il a bien précisé que la souscription nationale ne financera pas les travaux des abords ni les aménagements liturgiques à l’intérieur de la cathédrale n’excluant pas qu’il puisse avoir des accords avec tel ou tel donateur.
« On a cru voir disparaitre un monument emblématique de France, un lieu de culte et un lieu de notre histoire. L’émotion suscitée par l’incendie en France et dans le monde et l’élan de générosité nous oblige » conclut le militaire. Catherine Morin-Desailly a elle salué une audition fructueuse sur l’organisation et le fonctionnement de l’établissement public.

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