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- Publié le 24 février 2023
- Mise à jour: 25 février 2023
L’inévitable et l’intolérable
Dans les médias locaux et nationaux, des lycéens, collègues, des proches d’Agnès Lassalle, l’enseignante tuée dans le lycée Saint-Thomas-d’Aquin mercredi à Saint Jean-de-Luz, ont dressé le portrait d’une professeure investie et appréciée de tous. Il aura fallu ce dramatique, douloureux et intolérable fait-divers survenu sans que personne ne puisse le prévoir, pour entendre l’éloge d’une femme ordinaire, d’une enseignante dévouée et passionnée. Il aura fallu cette tragique journée pour que l’admiration et la compassion qu’elle suscite devienne un destin.
« La plus longue journée de notre vie... Nous nous sommes réveillés tôt et ne nous sommes pas couchés depuis ». Cette phrase n’est pas celle des proches de l’enseignante assassinée mais une déclaration de Volodymyr Zelensky à propos du 24 février 2022, date de l’invasion de son pays par la Russie. Ici on parle de près de 150 000 morts de chaque côté et de plus de 8 millions de réfugiés (155 000 en France, dont 20 000 enfants) sans compter les milliers d’enlèvements d’enfants ukrainiens, dont ceux de Marioupol que l’on a vu, la gorge nouée et avec la nausée, réapparaitre à Moscou dans le stade de Loujniki ce mercredi.
La plus longue journée de notre vie, comme la nomme le président de l’Ukraine, est devenue le plus grand conflit depuis 1945. A la différence de la soudaineté tragique du fait divers évoqué plus haut, l’agression d’un pays sur un autre et la guerre qu’il déclenche renvoie inévitablement à des causes historiques. Concernant celle-ci les avis divergent. Certains, lui attribue des causes externes, une combinaison de traités, d’événements et de prises de positions géostratégiques de pays et d’organisation tiers (l’OTAN, les USA, « l’Occident ») si défavorables à la Russie depuis la chute de l’URSS, qu’elles auraient conduit ce pays à envahir son voisin. On convoque ici l’intolérable et l’inévitable. D’autres y voient en réaction à ces premières causes une guerre de civilisation, voire une guerre « sainte » celle du « monde russe », doublée de l’invocation d’un nouvel ordre mondial. Ce dernier type de guerre est un modèle qui absolutise et rend inévitable la victoire écrasante de l’une des parties et la défaite de l’autre. Une telle issue qui apparaît comme intolérable à la communauté mondiale.
Nous sommes dans le dilemme inextricable de l’inévitable et de l’intolérable qui enferme dans la guerre, plonge les peuples dans la souffrance en les privant de la crainte de mourir comme on le voit en Ukraine et en Russie, les conduit à croire en un destin glorieux sans comprendre ou voir combien cette foi est une funeste destinée.
Mais comment donner tort à l’un d’eux, l’Ukraine. Comment lui reprocher de se défendre contre l’intolérable barbarie de Vladimir Poutine. On ne peut pas.
Dans cette longue clarté matinale devenue pénombre annuelle, cette nuit, une large majorité de pays (141 avec 7 oppositions et 30 abstentions dont celle de la Chine qui tente de présenter un plan de paix en 12 points) ont de manière inévitable (et heureuse) adopté une résolution de l’ONU condamnant l’intolérable, un texte demandant à la Russie de retirer ces troupes d’Ukraine, de mettre fin à la guerre, à cette journée infinie où les raisons de vivre sont devenues des raison de mourir.
Une journée, deux journées évoquées ici, qui ne peuvent avoir d’anniversaire.
Solidaires !
L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, en 2024, il faut continuer d’agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de "l’opération spéciale" russe.
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