Cet article est en consultation libre
- Olivier KONARZEWSKI
- 06 52 53 40 20
- Envoyer email
- Publié le 14 novembre 2022
- Mise à jour: 17 novembre 2022
Violences sexuelles dans l’Église : les fidèles catholiques privés de Lumières
Ébranlés par de nouveaux scandales, les catholiques traversent une grave « crise de confiance » qui qui aura sans aucun doute des répercussion négatives sur la pratique et l’engagement, déjà en baisse depuis de nombreuses années, des décennies même.
Avec l’affaire Santier et l’affaire Ricard, la mise en examen d’un prêtre pour viol sur adolescent à Paris , la coupe est pleine pour les catholiques, surtout les plus fervents, ébranlés par ces nouveaux scandales.
Après la remise du rapport de la Ciase, nous avions ici parlé de « pandémie morale mondiale » à propos de la multiplication des révélations en France et dans le reste de l’Europe et du monde de ces affaires d’abus sexuel dans l’Église catholique.
Partagés entre la colère, la souffrance, la résignation, l’écoeurement, mais aussi pour certains l’envie et la volonté, une fois l’abcès crevé, d’aller jusqu’au bout, de tenir et de contribuer ainsi à assainir leur Église, tous ces fidèles placés devant les récentes révélations, ne peuvent que constater ou avoir le sentiment que les recommandations de la commission Sauvé sur l’ampleur de la pédocriminalité dans l’institution, publiées en octobre 2021, n’ont pas été intégrées par l’épiscopat. C’est sans doute là, la racine la plus profonde de cette grave crise de confiance qui menace l’Église catholique et qu’elle dénonce en même temps, pour la redouter.
Car avec ces affaires touchant les plus haut hiérarques catholiques, 11 évêques, comme l’a annoncé Mgr Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Évêques de France (CEF), c’est à la fois le haut et le socle de l’édifice qui vacille. Au delà de la stupeur et des mots de compassion pour les victimes, le doute s’installe chez les fidèles. Dans l’esprit des fidèles comme dans celui des Français en général, les bons prêtres et les bons évêques sont désormais les arbres qui n’arrivent plus à cacher la forêt des centaines et des milliers de dérives, de crimes de ces clercs que l’église à longtemps couvert et que toute la presse, et pour le moins celle catholique, n’a jamais non plus cherché à révéler durant les dernières décennies.
Le contraste entre ces faits et les exigences de l’Église catholique sur la morale privée et son combat contre les droits des LGBT est aujourd’hui trop important pour espérer voir l’accumulation des mensonges impunie, et sans effet sur l’institution et sur la foi en général.
L’Église est-elle en train d’aller « vers l’implosion », du nom d’un ouvrage d’entretiens entre les sociologues des religions Jean-Louis Schlegel et Danièle Hervieu-Léger, paru au Seuil en mai ?
L’implosion. Le mot est lâché. Et il prend jour après jour plus de réalité. Implosion peut avoir deux sens ou conséquences : disparition, ce qui est peu probable, refondation ou réforme, ce qui semble tout aussi improbable dans l’immédiat compte tenu du lien de subordination qui unit l’Église à Rome. L’impossibilité pour l’Église allemande d’appliquer et de faire valoir les décisions de son synode allant vers plus d’ouverture (place des femmes, célibat, …) et de transparence, en est un exemple récent et patent.
Il faut bien que l’Église catholique en convienne. Elle ne peut échapper à ses fidèles, qu’il s’agisse de ceux qui se détournent d’elle, de ceux qui ne veulent rien voir, ou encore de ceux qui s’engagent dans des collectifs de fidèles pour maintenir la pression sur l’épiscopat.
Partout dans le monde, les sociétés évoluent vers des modèles démocratiques, ou y aspirent. C’est un sens de l’histoire, séculier et incontestable. L’Ukraine, l’Iran en sont des exemples récents. L’Église catholique s’est fondée et a prospéré en s’appuyant sur des royaumes et des empires. Elle n’a jamais remis en question cette assise politique ni la tradition qu’elle en hérite pour tenter une réforme, l’adoption d’un modèle de gouvernance adapté au monde des Lumières, au monde moderne et à ses grandes aspirations à la dignité humaine, notamment celle de l’égalité Femme-Homme. Là est sans aucun doute son problème, la racine de cette « implosion » qui la menace en tant qu’institution.
Solidaires !
L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne doit laisser personne indifférent !!! Outre les condamnations, en 2024, il faut continuer d’agir pour redonner et garantir son intégrité territoriale à l’Ukraine afin d’empêcher tout autre pays de suivre l’exemple terrible de "l’opération spéciale" russe.
Informations